3. Le commerce des fourrures comme moteur économique de la colonisation


Décrire le fonctionnement du commerce des fourrures et établir son importance pour les Français entre 1600 et 1663.

Source : Auteur inconnu, Protection du commerce (18e siècle), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.

Au début du 17e siècle, la France tente de poursuivre son expansion territoriale au-delà des frontières de l’Europe avec la colonisation du nord-est de l’Amérique. Selon les principes du mercantilisme, la métropole cherche à développer ses colonies pour en retirer des ressources naturelles qui peuvent être utilisées pour la production de biens et l’accumulation de richesses par le royaume. Dans le cas de la Nouvelle-France, c’est le commerce des fourrures avec les Autochtones qui représente la principale source d’enrichissement pour la métropole.


2.1 Les acteurs de la traite: compagnies et Premières Nations

Source des données : Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1534-2010, Québec, Septentrion, 2011, p. 33-50.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Pour développer le commerce des fourrures en Nouvelle-France, la couronne française compte sur des compagnies formées par des marchands et des nobles de la métropole. Plus spécifiquement, le roi de France accorde le monopole du commerce des fourrures à une compagnie, ce qui permet à celle-ci de contrôler ce secteur de l’économie coloniale de manière exclusive. En échange du monopole, la compagnie a plusieurs obligations, dont celles de prendre le contrôle du territoire, d'établir des colons et de convertir les peuples autochtones à la religion catholique. Dans l’ensemble, la prise en charge du commerce des fourrures et de la colonie par les compagnies permet à la couronne française de réduire ses dépenses en matière de colonisation.

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Au sein de la colonie, le commerce des fourrures repose sur les alliances entre les Français et les Autochtones, qui assurent la plus grande partie du travail lié à cette activité économique. Après l’alliance de 1603 avec les Innus, Samuel de Champlain conclut des alliances avec les Anishinabegs (Algonquins) au nord du fleuve Saint-Laurent et les Hurons-Wendats de la région des Grands Lacs.

D’une part, les nations algonquiennes chassent les animaux et transportent ensuite les peaux sur des centaines de kilomètres, jusqu’aux postes de traite français de Tadoussac, de Québec et de Trois-Rivières. D’autre part, la nation huronne-wendate joue le rôle d’intermédiaire entre les Français et les peuples autochtones qui vivent à l’ouest des Grands Lacs.

Source : Chiedel et Taylor, La chasse au castor au Canada (entre 1775 et 1825), Musée McCord, M19983. Licence : domaine public.


Source : Frances Anne Hopkins, Campement de "voyageurs" (1870), Bibliothèque et Archives Canada, 2898288. Licence : domaine public.

Source : Philip John Bainbrigge, Portage de la rivière cachée, Saint-Maurice (1837), Bibliothèque et Archives Canada, 2896342. Licence : domaine public.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Au fil du temps, ce rôle permet aux Hurons-Wendats de déterminer la quantité de peaux à fournir aux Français en fonction de leurs besoins en objets européens. Jusqu’aux années 1650, ce sont les Hurons-Wendats qui fournissent le plus grand nombre de fourrures aux marchands de la Nouvelle-France.


Les exportations de fourrures en Nouvelle-France, 1634-1652

Le graphique présente la variation de la valeurs en livres françaises des exportations de foururres vers la France entre 1634 et 1652. *Aucune donnée n'est disponible pour la période entre 1636 et 1641.

Source des données : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Québec, Septentrion, 2009, p. 37.

Source du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Dans la première moitié du 17e siècle, le contrôle des Autochtones sur le commerce des fourrures ne permet pas aux compagnies françaises d’envoyer une quantité stable de matières premières à la métropole. L’exploitation de la ressource génère ainsi des revenus instables pour les compagnies, qui continuent de dépenser pour entretenir une main-d'œuvre d’origine européenne dans les postes de traite. Cela dit, quelques dizaines de colons suffisent pour commercer avec les Autochtones, pour expédier les fourrures vers la France et pour protéger la colonie. Dans ce contexte économique, la plupart des compagnies renoncent à établir davantage de colons en Nouvelle-France et elles échouent à satisfaire les exigences de la couronne française en matière de peuplement.


2.2 La compagnie des Cent-Associés

En 1627, le roi de France tente de relancer le peuplement de la Nouvelle-France en accordant le monopole du commerce des fourrures à la Compagnie des Cent-Associés. Cette compagnie reçoit aussi le droit d’attribuer les terres de la vallée du Saint-Laurent à des seigneurs. En retour de ces privilèges, la couronne française demande à la compagnie d’établir 4 000 personnes en 15 ans dans la colonie et de soutenir les engagés en leur fournissant un logement, de la nourriture et du travail durant leur contrat de trois ans. À la fin de leur contrat, les engagés peuvent décider de retourner en France ou de rester en Nouvelle-France pour travailler sur les terres attribuées aux seigneurs.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Dès 1628, la Compagnie des Cent-Associés envoie quatre bateaux transportant 400 colons vers la Nouvelle-France, mais des navires britanniques commandés par les frères Kirke capturent les bateaux français avant leur arrivée à Québec. Les Britanniques occupent ensuite Québec jusqu’à la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632, un accord qui redonne le contrôle de la colonie aux Français. Cette situation endette la Compagnie des Cent-Associés, qui relance donc ses activités avec des difficultés financières. Malgré cela, elle réussit tout de même à transporter environ 4 300 colons vers la vallée du Saint-Laurent entre 1633 et 1662. Cela dit, plus de la moitié des engagés retournent dans la métropole à la fin de leur contrat, ce qui permet à la couronne française de soutenir que la compagnie ne respecte pas ses obligations en matière de peuplement.


Dans la première moitié du 17e siècle, les compagnies affrontent ainsi de nombreuses difficultés liées au développement commercial et au peuplement de la Nouvelle-France. Malgré ces difficultés, la population d’origine européenne de cette colonie-comptoir passe d'environ 100 à 3 000 habitants entre 1627 et 1663.

Source : Auteur inconnu, Prise de Québec par les Anglais en 1629 (1698), Bibliothèque et Archives Canada, 2933702. Licence : domaine public.


Réponds aux questions suivantes.

   

Cahier de traces

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