L'économie coloniale et le gouvernement royal

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Cours: HIG-4101 Histoire du Québec et du Canada, des origines à 1608
Livre: L'économie coloniale et le gouvernement royal
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: vendredi, 24 janvier 2025, 03:26

1. Introduction


Consignes pour ce module

 

Tout au long de ce chapitre, tu devras lire des textes, consulter des vidéos et répondre à des questions interactives.

Lorsque tu voudras passer à la page suivante, clique sur le petit rectangle gris pâle, en haut ou en bas, à droite.

Avant la fondation de Québec en 1608, la couronne française compte déjà sur le commerce des fourrures pour soutenir son projet de colonie dans le nord-est de l’Amérique. Entre 1608 et 1760, la traite des fourrures continue d’agir comme le moteur économique de la colonisation française dans cette région que l’on nomme maintenant la Nouvelle-France. Au cours de cette période, la population d’origine européenne de la colonie passe de quelques dizaines d’habitants à environ 70 000 habitants.

Source : Marc Laberge et François Girard, Le commerce des fourrures (2010), Videanthrop. Licence : utilisation permise en contexte éducatif seulement et avec mention de la source originale « Vidéanthrop ».

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Source : George Agnew Reid, Pelletiers à Montréal au 18e siècle (1916), Bibliothèque et Archives Canada, 2895828. Licence : domaine public.

Dans la première moitié du 17e siècle, le roi de France accorde un monopole à des marchands de fourrure pour assurer l’expansion économique et démographique de la colonie. Dans la deuxième moitié du 17e siècle, la couronne française reprend le contrôle du développement commercial et du peuplement de la Nouvelle-France en y instaurant une nouvelle structure politique.


 
Dans ce module, nous verrons les 3 opérations intellectuelles suivantes:  déterminer des causes et des conséquences, dégager des différences et des similitudes et mettre en relation des faits.

Opérations intellectuelles


Dans un 1er temps, écoute les 3 vidéos suivantes. Informe ton enseignant.e lorsque tu auras terminé. Il-Elle prendra le temps de t'enseigner chacune d'elle en utilisant du matériel complémentaire que tu retrouveras sur le site Pédago Mosaîque.

Dégager des différences et des similitudes

Vidéo traitant de l'opération intellectuelle « Dégager des différences et des similitudes ». Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Dégager des différences et des similitudes, c’est comparer deux ou plusieurs documents pour faire ressortir ce qui est semblable entre eux ou ce qui est distinct.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Mettre en relation des faits


Cette vidéo traite de l'opération intellectuelle « Mettre en relation des faits ». Elle fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada de 1840 à nos jours.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Déterminer des causes

Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Déterminer des causes, c’est trouver pourquoi un événement s’est produit. Un bon indice, quand on recherche une cause, est de se souvenir qu’elle se situe toujours avant l’événement dans la chronologie.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

2. La prise en charge de la colonie par le gouvernement royal


Déterminer les causes et les conséquences de la prise en charge de la colonie par le gouvernement royal.


Dans la deuxième moitié du 17e siècle, le commerce des fourrures se transforme rapidement en raison des changements sociauxéconomiques et politiques qui se produisent dans la colonie.

Source : George Agnew Reid, Les pelletiers à Montréal (1916), Bibliothèque et Archives Canada, 2895827. Licence : domaine public.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

3.1 Le commerce des fourrures après la dislocation de la Huronie

Au début des années 1650, les Hurons-Wendats migrent vers la région de Québec après avoir été décimées par les guerres et les épidémies des décennies précédentes. En quittant la région des Grands Lacs, les Hurons-Wendats perdent leur rôle d'intermédiaires entre les nations algonquiennes et les Français dans le commerce des fourrures. Après la dislocation de la Huronie, plusieurs autres nations autochtones se rendent à Montréal chaque été jusque dans les années 1670 pour échanger leurs ressources aux marchands de la colonie dans une foire commerciale.


Privés de leurs partenaires commerciaux hurons-wendats, les marchands de la colonie reçoivent de moins en moins de peaux d’animaux dans les comptoirs de Québec, Trois-Rivières et Montréal. Par conséquent, de plus en plus de colons s’aventurent à l'ouest de la vallée du Saint-Laurent pour commercer directement avec les peuples algonquiens et pour explorer le territoire des Grands Lacs.

Source : Archibald Bruce Stapleton, Radisson et Des Groseillers établissant le commerce des fourrures dans le Nord-Ouest, 1662 (entre 1917-1950), Musée McCord, M993.154.313. Licence : œuvre protégée par le droit d’auteur, utilisation non commerciale autorisée.


Les colons qui établissent des relations économiques avec les peuples autochtones se nomment les coureurs des bois et ils peuvent être à l’emploi des marchands de la colonie ou travailler de manière autonome. À partir des années 1660, l’expansion du commerce des fourrures motivent de nombreux colons à rester dans la colonie, que ce soit comme coureur des bois ou comme cultivateur sur les terres d’un seigneur.


Source : Jacques Viger, Coureur des bois (entre 1813 et 1856), Archives de la Ville de Montréal, CA M001 BM099-1-D1. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

En 1663, le roi de France dissout la Compagnie des Cent-Associés et met fin au monopole de la Communauté des Habitants pour réduire l’emprise des marchands sur le commerce des fourrures et pour mieux encadrer cette activité économique. La couronne française cherche ainsi à renforcer son contrôle sur la Nouvelle-France et à s’assurer que le développement de la colonie se produit en fonction des objectifs de la métropole.

Source : Charles Walter Simpson (1927), La création du Conseil souverain en Nouvelle-France en 1663, Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Licence : domaine public.


Réponds aux questions suivantes.

 

Question 2 - Se situer dans le temps et l'espace

Place les événements suivants au bon endroit dans le tableau.


A) La Nouvelle-France dispose d’un réseau de forts et postes de traite dans la région des Grands-Lacs

B) Les Hurons-Wendats se dispersent sur le territoire.

C) Montréal joue un rôle central dans le commerce des fourrures.

D) Les Hurons-Wendats occupent la région des Grands Lacs.

Cahier de traces

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Territoire des Autochtones AVANT la destructionTerritoire des Autochtones APRÈS la destructionComptoirs de
traite AVANT la
destruction
Comptoirs de traite APRÈS la destructionTerritoire de la
Nouvelle-France
AVANT la destruction
Territoire de la Nouvelle-France APRÈS la destruction
Il existe différents postes de traite comme Tadoussac, Québec et Trois-Rivières.La Nouvelle-France est concentrée autour de la vallée du Saint-Laurent.

Source : A. d'Auriac, Régiment de Carignan-Salières, 1665 (1932), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S5,PAQ33. Licence : domaine public.

3.2 Le gouvernement royal et le peuplement de la Nouvelle-France

En 1663, la couronne française instaure un gouvernement royal en Nouvelle-France pour relancer le peuplement de la colonie et pour renforcer l’influence de la France en Amérique du Nord. La même année, le roi de France envoie plus de 1100 soldats du régiment Carignan-Salières en Nouvelle-France pour assurer la protection de la colonie et la stabilité de son développement économique. Ces soldats arrivent dans la colonie en 1665.


Source : Adam Frans van der Meulen, La réception d’ambassadeurs des treize Cantons suisses par Louis XIV au Louvre, 11 novembre 1663 (1664), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.


La structure du gouvernement royal


À cette époque, le système politique français est fondé sur le pouvoir absolu du roi sur son royaume et ses sujets. Selon les croyances religieuses de l’époque, le pouvoir absolu du roi provient du Dieu des chrétiens. En somme, l’absolutisme de droit divin est à la base de la structure politique de la métropole et de ses colonies, ce qui inclut le gouvernement royal de la Nouvelle-France.


Réponds aux questions suivantes.

 

La croissance de la population


Entre 1663 et 1760, la population d’origine européenne de la Nouvelle-France passe d’environ 3 000 à 70 000 personnes. Cette croissance démographique découle des migrations entre la France et la Nouvelle-France ainsi que de la natalité au sein de la colonie.

Source des données : Leslie Choquette, Population. Immigration, en ligne sur Musée virtuel de la Nouvelle-France.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Lors de l'instauration du gouvernement royal, la couronne française élabore une politique de peuplement pour stimuler la croissance démographique dans sa colonie. En 1663, le roi de France envoie les premières Filles du Roy pour remédier au fait qu’il manque de femmes célibataires en Nouvelle-France.


Source : C. W. Jefferys, L'arrivée des jeunes filles françaises à Québec en 1667 (vers 1925), Bibliothèque et Archives Canada, 2895911. Licence : domaine public.

Dès son arrivée à Québec en 1665, l’intendant Jean Talon réalise un recensement pour connaitre le nombre de colons, ce qui lui permet de confirmer qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes. Pour réduire ce déséquilibre, la couronne française continue d’envoyer des Filles du Roy vers la colonie en finançant leur traversée de l’océan Atlantique et en leur accordant un trousseau de biens nécessaires à la vie de femme mariée. Près de 800 jeunes femmes célibataires s’installent en Nouvelle-France entre 1663 et 1673.

Source : Lilymagine, Filles du Roy (2022), Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Jusqu’à son départ de la colonie en 1672, Jean Talon multiplie les mesures pour la politique de peuplement. Voici quelques exemples :

  • une prime pour les hommes et les femmes qui se marient à un jeune âge, soit 20 ans pour les garçons et 16 ans pour les filles;
  • une récompense de 300 livres par année pour les couples avec 10 enfants et plus;
  • des terres pour les soldats du régiment Carignan-Salières qui décident de rester en Nouvelle-France après leur mission.



Source : Lawrence Batchelor, Jean Talon visitant les colons (vers 1931), Bibliothèque et Archives Canada, 2896077. Licence : domaine public.

La politique de peuplement de la couronne française favorise la natalité en Nouvelle-France surtout parce qu’elle rééquilibre le rapport entre le nombre d’hommes et de femmes. Alors que la colonie compte 13,2 hommes pour une femme en 1663, elle compte deux hommes pour une femme en 1679. Ce rapport plus équilibré entre les sexes permet une augmentation du nombre de mariages, puis une hausse des naissances au sein de la colonie.

Sources des données : Assemblée nationale du Québec, « Clin d'œil : les filles du roi », Par ici la démocratie.

Source de l’image : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Dans la deuxième moitié du 17e siècle, les couples ont entre sept et huit enfants en moyenne, ce qui témoigne d’un fort accroissement naturel qui se poursuivra au 18e siècle. La prise en charge du peuplement par couronne française et l’accroissement naturel entre 1663 et 1760 explique pourquoi on qualifie cette période de la Nouvelle-France de colonie de peuplement.


Source : Nicolas Lancret, L’été (1738), Louvre. Licence : domaine public.

Question 3 - Déterminer des causes et des conséquences

Les documents 1 à 3 présentent des faits liés à la démographie de la Nouvelle-France. Indique une cause expliquant pourquoi les autorités ordonnent l’envoi des Filles du Roy dans la colonie.


Les documents

Source des données : Statistique Canada, « Les Acadiens (1752 à 1784) », Recensements du Canada 1665 à 1871, en ligne sur Statistique Canada, dernière mise à jour le 26 août 2015, page consultée le 22 avril 2022 ; Statistique Canada, « L'établissement des Anglais (1692 à 1749) », Recensements du Canada 1665 à 1871, en ligne sur Statistique Canada, dernière mise à jour le 26 août 2015, page consultée le 22 avril 2022 et Statistique Canada, « L'établissement des Français (1605 à 1691) », Recensements du Canada 1665 à 1871, en ligne sur Statistique Canada, dernière mise à jour le 26 août 2015, page consultée le 22 avril 2022.

Lettre envoyée par le ministre Jean-Baptiste Colbert à l’intendant Jean Talon en 1671

« Sa Majesté [...] a donné les ordres nécessaires pour envoyer cette année 150 filles. Ainsi je m’assure qu’aussitôt qu’elles seront arrivées, vous travaillerez à les établir et les marier avec lesdits soldats et les autres habitants, en sorte que la colonie en recevra une augmentation considérable.

Vous avez fort bien fait de faire ordonner que les volontaires seraient privés de la chasse et de la traite s’ils ne se mariaient pas quinze jours après l’arrivée des vaisseaux qui apporteront les filles. [...] »

Source : « Lettre du ministre Jean-Baptiste Colbert à l’intendant Jean Talon, 11 février 1671 », dans Marcel Trudel, La Nouvelle-France par les textes. Montréal, Hurtubise HMH, 2003, p. 105-106.

Sources des données : Robert Larin, Brève histoire du peuplement en Nouvelle-France, Sillery, Septentrion, 2000, p. 145.

Source de l’image : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

Tab content 4

Tab content 5

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3. Le commerce des fourrures comme moteur économique de la colonisation


Décrire le fonctionnement du commerce des fourrures et établir son importance pour les Français entre 1600 et 1663.

Source : Auteur inconnu, Protection du commerce (18e siècle), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.

Au début du 17e siècle, la France tente de poursuivre son expansion territoriale au-delà des frontières de l’Europe avec la colonisation du nord-est de l’Amérique. Selon les principes du mercantilisme, la métropole cherche à développer ses colonies pour en retirer des ressources naturelles qui peuvent être utilisées pour la production de biens et l’accumulation de richesses par le royaume. Dans le cas de la Nouvelle-France, c’est le commerce des fourrures avec les Autochtones qui représente la principale source d’enrichissement pour la métropole.


2.1 Les acteurs de la traite: compagnies et Premières Nations

Source des données : Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1534-2010, Québec, Septentrion, 2011, p. 33-50.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Pour développer le commerce des fourrures en Nouvelle-France, la couronne française compte sur des compagnies formées par des marchands et des nobles de la métropole. Plus spécifiquement, le roi de France accorde le monopole du commerce des fourrures à une compagnie, ce qui permet à celle-ci de contrôler ce secteur de l’économie coloniale de manière exclusive. En échange du monopole, la compagnie a plusieurs obligations, dont celles de prendre le contrôle du territoire, d'établir des colons et de convertir les peuples autochtones à la religion catholique. Dans l’ensemble, la prise en charge du commerce des fourrures et de la colonie par les compagnies permet à la couronne française de réduire ses dépenses en matière de colonisation.

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Au sein de la colonie, le commerce des fourrures repose sur les alliances entre les Français et les Autochtones, qui assurent la plus grande partie du travail lié à cette activité économique. Après l’alliance de 1603 avec les Innus, Samuel de Champlain conclut des alliances avec les Anishinabegs (Algonquins) au nord du fleuve Saint-Laurent et les Hurons-Wendats de la région des Grands Lacs.

D’une part, les nations algonquiennes chassent les animaux et transportent ensuite les peaux sur des centaines de kilomètres, jusqu’aux postes de traite français de Tadoussac, de Québec et de Trois-Rivières. D’autre part, la nation huronne-wendate joue le rôle d’intermédiaire entre les Français et les peuples autochtones qui vivent à l’ouest des Grands Lacs.

Source : Chiedel et Taylor, La chasse au castor au Canada (entre 1775 et 1825), Musée McCord, M19983. Licence : domaine public.


Source : Frances Anne Hopkins, Campement de "voyageurs" (1870), Bibliothèque et Archives Canada, 2898288. Licence : domaine public.

Source : Philip John Bainbrigge, Portage de la rivière cachée, Saint-Maurice (1837), Bibliothèque et Archives Canada, 2896342. Licence : domaine public.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Au fil du temps, ce rôle permet aux Hurons-Wendats de déterminer la quantité de peaux à fournir aux Français en fonction de leurs besoins en objets européens. Jusqu’aux années 1650, ce sont les Hurons-Wendats qui fournissent le plus grand nombre de fourrures aux marchands de la Nouvelle-France.


Les exportations de fourrures en Nouvelle-France, 1634-1652

Le graphique présente la variation de la valeurs en livres françaises des exportations de foururres vers la France entre 1634 et 1652. *Aucune donnée n'est disponible pour la période entre 1636 et 1641.

Source des données : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Québec, Septentrion, 2009, p. 37.

Source du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Dans la première moitié du 17e siècle, le contrôle des Autochtones sur le commerce des fourrures ne permet pas aux compagnies françaises d’envoyer une quantité stable de matières premières à la métropole. L’exploitation de la ressource génère ainsi des revenus instables pour les compagnies, qui continuent de dépenser pour entretenir une main-d'œuvre d’origine européenne dans les postes de traite. Cela dit, quelques dizaines de colons suffisent pour commercer avec les Autochtones, pour expédier les fourrures vers la France et pour protéger la colonie. Dans ce contexte économique, la plupart des compagnies renoncent à établir davantage de colons en Nouvelle-France et elles échouent à satisfaire les exigences de la couronne française en matière de peuplement.


2.2 La compagnie des Cent-Associés

En 1627, le roi de France tente de relancer le peuplement de la Nouvelle-France en accordant le monopole du commerce des fourrures à la Compagnie des Cent-Associés. Cette compagnie reçoit aussi le droit d’attribuer les terres de la vallée du Saint-Laurent à des seigneurs. En retour de ces privilèges, la couronne française demande à la compagnie d’établir 4 000 personnes en 15 ans dans la colonie et de soutenir les engagés en leur fournissant un logement, de la nourriture et du travail durant leur contrat de trois ans. À la fin de leur contrat, les engagés peuvent décider de retourner en France ou de rester en Nouvelle-France pour travailler sur les terres attribuées aux seigneurs.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Dès 1628, la Compagnie des Cent-Associés envoie quatre bateaux transportant 400 colons vers la Nouvelle-France, mais des navires britanniques commandés par les frères Kirke capturent les bateaux français avant leur arrivée à Québec. Les Britanniques occupent ensuite Québec jusqu’à la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632, un accord qui redonne le contrôle de la colonie aux Français. Cette situation endette la Compagnie des Cent-Associés, qui relance donc ses activités avec des difficultés financières. Malgré cela, elle réussit tout de même à transporter environ 4 300 colons vers la vallée du Saint-Laurent entre 1633 et 1662. Cela dit, plus de la moitié des engagés retournent dans la métropole à la fin de leur contrat, ce qui permet à la couronne française de soutenir que la compagnie ne respecte pas ses obligations en matière de peuplement.


Dans la première moitié du 17e siècle, les compagnies affrontent ainsi de nombreuses difficultés liées au développement commercial et au peuplement de la Nouvelle-France. Malgré ces difficultés, la population d’origine européenne de cette colonie-comptoir passe d'environ 100 à 3 000 habitants entre 1627 et 1663.

Source : Auteur inconnu, Prise de Québec par les Anglais en 1629 (1698), Bibliothèque et Archives Canada, 2933702. Licence : domaine public.


Réponds aux questions suivantes.

   

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4. Les changements économiques et territoriaux après 1663


Donner des exemples de diversification économique sous l’administration des intendants et déterminer les changements du commerce des fourrures et son influence sur l’exploration du territoire en Amérique du Nord.

Entre 1663 et 1760, la France continue de s’appuyer sur le commerce des fourrures pour assurer le développement économique de la Nouvelle-France. Cela dit, le gouvernement royal multiplie les actions en vue de diversifier l’économie de la colonie. Aux 17e et 18e siècles, les expéditions pour la traite des fourrures conduisent les Français à intensifier l’exploration du territoire dans les régions des Grands Lacs, de la baie d’Hudson et du fleuve Mississippi.

Source : John Innes, La Vérendrye, Le point le plus loin du Canada à l'ouest, 1732 (vers 1920-1935),Bibliothèque et Archives Canada, 2950296. Licence : domaine public.

Source : Jean-Adolphe Bocquin, Prise de Possession de la Louisiane et du Fleuve Mississippi (vers 1870), Bibliothèque nationale de France, FRBNF40493760. Licence : domaine public.


Les mesures royales pour diversifier les activités économiques sous l’intendant Jean Talon

      Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

      4.1 La diversification économique

      Après la fondation de Québec en 1608, les Hurons-Wendats deviennent les principaux partenaires commerciaux de la colonie française et ils multiplient leurs interactions avec les missionnaires catholiques. En effet, ces religieux européens établissent des missions à proximité des villages de la Huronie en vue de convertir les populations autochtones au christianisme. Dans la première moitié du 17e siècle, une partie de la population huronne-wendate adhère au catholicisme alors qu’une autre partie rejette les croyances et les pratiques religieuses des Européens.

      Source : C. W. Jefferys, Jean Talon inspecte un chantier naval en Nouvelle-France (date inconnue), Bibliothèque et Archives Canada, 2899646. Licence : domaine public.

      Malgré le soutien financier du roi, la plupart des initiatives commerciales du premier intendant n’arrivent pas à répondre à ces objectifs économiques. En effet, la culture du lin et du chanvre ne sera pas suffisante pour produire du tissu, le chantier naval construit quatre embarcations avant de fermer et la brasserie cesse sa production de bière destinée aux Antilles un an après le retour de Talon en France.


      Question 4 - Établir des différences et des similitudes

      Les documents 4 et 5 présentent les interprétations de deux historiens concernant les réalisations de l’intendant Jean Talon. Indique le point précis sur lequel ils sont en désaccord.

      Les documents

      Tab content 1

      Tab content 2

      Tab content 3

      Texte d'historien sur les réalisations de Jean Talon

      « La culture du chanvre et du lin n’a pas donné les draps et les toiles qu’il se vantait de produire [...]. La fabrique de la potasse prend fin en 1674. [...] Le chantier naval n’aura construit que 2 barques et 2 petits bateaux de 600 ou 700 tonneaux et à des coûts plus élevés qu’en France. La brasserie qui devait, selon Talon, produire 12 000 minots de grains et brasser 4 000 barriques de bière, cesse dès 1673, après seulement 4 ans d'activité. Preuve que ces tentatives industrielles dépendaient trop d’un seul individu et, surtout, ne correspondaient pas alors aux possibilités du pays. »

       

      Source : Marcel Trudel, Mythes et réalités dans l’histoire du Québec, Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 2001, p. 121.

      Texte d’historien sur les réalisation de Jean Talon

      « Stimulés par la tactique ingénieuse exposée par Talon [...], les habitants semèrent du chanvre et réussirent parfaitement. [...] »

      « Quand on songe à l'immense extension que reçut plus tard la construction navale [...], aux vastes chantiers qui s'y multiplièrent, à l'innombrable quantité de vaisseaux qui en sortirent, on se dit que l'intendant Talon avait le coup d'œil juste. »

      « [...] Talon s'appliqua spécialement à établir des fabriques de potasse [...]. On pouvait en fabriquer ici des quantités assez considérables pour permettre à Paris de se passer des [matières premières en provenance] d'Espagne [pour fabriquer des savons]. »

      Source : Chapais, Thomas, Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904, Imprimerie de S.-A. Demers. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2021578 p. 278-279, 395 et 401-403.

      Cahier de traces

      Éditeur HTML


      Pour diversifier l’économie coloniale tout en enrichissant la métropole, la couronne française encourage aussi les marchands à établir des routes commerciales entre la France, la Nouvelle-France et les Antilles. Pour les marchands venus d’Europe, une expédition commerciale implique désormais deux destinations en Amérique, soit la Nouvelle-France, puis les Antilles. Ces marchands peuvent donc adapter leur navigation au calendrier des saisons afin d’éviter le gel du fleuve Saint-Laurent ainsi que les ouragans de la mer des Caraïbes et de l’océan Atlantique. Entre 1664 et 1674, la France compte sur la Compagnie des Indes Occidentales pour assurer le commerce dans ses colonies américaines ainsi que la traite des esclaves dans ses colonies africaines.


      Source : François Denis, Vue du Fort Royal de la Martinique dans les Antilles (entre 1750 et 1760), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.


      Le commerce triangulaire

      Au 18e siècle, le commerce triangulaire permet aux colonies françaises de devenir un peu moins dépendantes de la métropole, car elles s’échangent certains surplus comme le bois (Nouvelle-France) et la mélasse (Antilles). Cela dit, la Nouvelle-France et les Antilles demeurent principalement tributaires de leurs exportations de fourrures et de sucre vers la France. Les activités économiques des colonies continuent ainsi d’évoluer sous le mercantilisme, qui a pour but premier d’enrichir la métropole.


      Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

      Réponds aux questions suivantes.

         

      En parallèle, le gouvernement royal continue ses efforts pour diversifier l’économie de la Nouvelle-France, comme en témoignent les mesures déployées sous l’intendant Gilles Hocquart entre 1729 et 1748. L’intendant Hocquart soutient notamment l’ouverture des forges du Saint-Maurice, le développement du chantier naval royal et l’achèvement du chemin du Roy. Malgré toutes les mesures prises pour assurer la diversification des activités économiques en Nouvelle-France, ce sont les profits du commerce des fourrures qui assurent le fonctionnement de la colonie jusqu’à la fin du régime français.

      Source : James Pattison Cockburn, Château Richer, Bas-Canada (1829), Bibliothèque et Archives Canada, 2896818. Licence : domaine public.

      Source : Joseph Bouchette Jr., Les forges, rivière Saint-Maurice (1832), Bibliothèque et Archives Canada, 2837634. Licence : domaine public.


      Source : Cornelius Krieghoff, Portage (vers 1856), Bibliothèque et Archives Canada, 2896423. Licence : domaine public.


      4.2 La transformation du commerce des fourrures et l'exploration du territoire

      Dès l'instauration du gouvernement royal en 1663, les autorités coloniales tentent de reprendre le contrôle du commerce des fourrures, déstabilisé par la chute de la Huronie et la multiplication du nombre de coureurs des bois dans la région des Grands Lacs. Pour encadrer la traite des fourrures, le gouvernement royal institue de nombreuses règles, comme celles présentées dans le tableau.

      Résumé des règles de la traite des fourrures en français moderne et en vieux français

        Source des données : Pierre-George Roy (ed.), Inventaire des insinuations du Conseil souverain de la Nouvelle-France, L’éclaireur, Beauceville, 1921, p. 29, 35 et 48, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000331612.

        Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

        En 1681, le roi de France adopte un règlement qui oblige les colons à se procurer un permis pour faire des voyages de traite. Ce permis que l’on nomme le congé de traite permet aux voyageurs de quitter la vallée du Saint-Laurent avec des produits européens et de se rendre auprès des nations autochtones pour échanger ces marchandises contre des fourrures. Jusqu’à la fin du régime français, les expéditions commerciales se poursuivent généralement sous le système des congés de traite et des voyageurs, mais certains coureurs des bois continuent leurs activités sans permis. Ceux-ci se rendent parfois dans les Treize colonies pour échanger des fourrures aux marchands anglais de manière clandestine.


        Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

        Aux 17e et 18e siècles, les expéditions commerciales et l’expérience des coureurs des bois et des voyageurs permettent aux Français d'intensifier l’exploration du territoire à l’ouest du lac Huron. Dès les années 1650 et 1660, des explorateurs se rendent aux lacs Supérieur puis Michigan, où ils établissent des relations avec les nations autochtones qui occupent ces territoires. Dans les décennies suivantes, des explorateurs se rendent jusqu’à la baie James en empruntant le lac Mistassini et la rivière Rupert ou en contournant le Labrador. Certaines expéditions se rendent même jusqu’au golfe du Mexique en empruntant la rivière Illinois et le fleuve Mississippi. Par exemple, René-Robert Cavelier de La Salle explore cette région et prend possession au nom du roi de France du territoire qui deviendra la Louisiane en 1682.


        La création de la Compagnie de la Baie d’Hudson

        Médard Chouart des Groseillers et Pierre-Esprit Radisson proposent au roi de France la création d'une compagnie pour organiser le commerce des fourrures dans la région de la baie d'Hudson. Après le refus du roi de France, les deux commerçants explorateurs obtiennent l'appui du roi d'Angleterre avec l'aide du prince Rupert. La compagnie est fondée le 2 mai 1670.

        Source : Charles Walter Simpson, Le prince Rupert lisant la charte octroyée le 2 mai 1670 aux dirigeants de la Compagnie des aventuriers faisant du commerce dans la baie d'Hudson (1928), Bibliothèque et Archives Canada, 2896929. Licence : domaine public.

        À partir des années 1670, les autorités coloniales demandent aux militaires de suivre les trajets des explorateurs pour prendre possession des territoires autochtones au nom du roi de France. Pour ce faire, les Français construisent des forts qui assurent la protection des colons et des postes de traite ou se déroulent les échanges avec les Autochtones. Jusqu’au milieu du 18e siècle, la construction de forts dans la région des Grands Lacs et en Louisiane permet à la Nouvelle-France d’accroitre son influence politique et économique sur ces territoires ainsi que de restreindre l’expansion des Treize colonies vers l’ouest de l’Amérique du Nord.

        5. Révision


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        Révision du chapitre "Le peuplement de l'Amérique du Nord et les explorations européennes".



        Question 5 - Mettre en relation des faits

        Indique si les faits présentés dans les documents 6 à 8 font référence à l’importance géographique de Montréal et/ou à son rôle économique pour la colonie. Justifie ta réponse.

        Les documents

        Texte de synthèse sur les pelletiers à Montréal

        Jusqu’à la fin des années 1670, les Autochtones en provenance de la région des Grands Lacs se déplacent en grand nombre pour échanger leurs fourrures de castors avec les marchands de Montréal. En 1672, ils sont environ 900. Il s’agit alors de la foire annuelle la plus importante de la colonie.

        Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

        Source de l’image : George Agnew Reid, Les pelletiers à Montréal (1916), Bibliothèque et Archives Canada, C-011013, MIKAN 2895827. Licence : image du domaine public.

        Texte de synthèse sur les marchands-équipeurs

        Alexis Lemoine est marchand-équipeur, c’est-à-dire qu’il s’occupe d’organiser des expéditions pour la traite des fourrures. Il doit s’assurer de recruter des coureurs des bois et posséder l’argent nécessaire pour obtenir des permis de traite. De plus, il doit préparer les canots afin qu’ils soient équipés de nourriture, de tissus, d’outils de travail et de munitions. Tout cela servira de produits d’échange afin de développer des relations commerciales avec les Autochtones. Alexis Lemoine notait ces informations dans des livres de comptes. Le commerce des fourrures favorise l’essor des marchands-équipeurs ce qui contribue au développement de la bourgeoisie marchande à Montréal.

        Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

        Document 8 -Texte d’une historienne sur l’exploration du territoire

        « [Dans le dernier tiers du 17e siècle], la Nouvelle-France connaît une formidable expansion territoriale, qui s'explique par le retour de l'économie basée sur l'exploitation des fourrures. En effet, les explorations vers l'intérieur du continent sont principalement motivées par le besoin de nouveaux territoires de traite, puisque les fourrures se raréfient dans la vallée du Saint-Laurent.

        De plus, les guerres iroquoises, par leurs attaques contre les Hurons et les Outaouais, alliés habituels des Français, interrompent les arrivages de fourrures à Montréal. Pour contourner ce problème, les Montréalais se passent des intermédiaires et se rendent dans la région des Grands Lacs.»

        Source du texte : Christine Conciatori, « Montréal, plaque tournante des explorations françaises en Amérique », Cap-aux-Diamants, n°66 (2001), p. 10.

        Source de la carte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

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        Cahier de traces

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        Situation géographiqueRôle économique
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        Question 6 - Dégager des différences et des similitudes

        À l’aide des documents 9 à 11, indique une différence et une similitude dans le rôle des administrateurs coloniaux et du clergé catholique en Nouvelle-France.

        Les documents

        Le curé s’occupe de la pratique religieuse et de la bonne conduite des habitants dans les paroisses, nouvellement créées par Mgr de Laval. Le clergé catholique charge les curés de réprimander les colons qui consomment trop d’alcool ou les membres de la paroisse qui ne se présentent pas aux rassemblements hebdomadaires. Le curé est un membre influent de la paroisse et il encadre la vie des colons afin que ceux-ci soient de bons chrétiens.

        Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

        « Dans [la colonie], l’autorité du roi se transmet par l’intermédiaire de deux hauts fonctionnaires [le gouverneur général et l’intendant]. Le gouverneur général, d’ordinaire un militaire de la noblesse, représente le pouvoir royal, symboliquement et dans les faits. Il a le commandement des forces armées, dirige [la politique extérieure] qu’on entretient avec les colonies britanniques et les nations [autochtones] et, comme représentant du roi, préside aux cérémonies d’État et aux manifestations. »

        L’intendant, quant à lui, est responsable de l’économie, du peuplement et il participe aux décisions judiciaires en siégeant au conseil souverain.

        Sources : Craig Brown, Histoire générale du Canada, Boréal, Montréal, 1990, p. 140-141; Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

        Le Conseil souverain, plus haut tribunal de la colonie, est établi en Nouvelle-France par le roi Louis XIV en 1663.

        « […] Nous avons cru ne pouvoir prendre une meilleure résolution qu’en établissant une justice réglée et un conseil souverain dans ledit pays, pour y faire fleurir les lois, maintenir et appuyer les bons, châtier les méchants et contenir chacun dans son devoir, y faisant garder autant qu’il se pourra la même forme de justice qui s’exerce dans notre royaume, et de composer ledit conseil souverain d’un nombre d’officiers convenable pour la rendre. »

        Le gouverneur, l’intendant et l’évêque font partie du Conseil souverain, ainsi que cinq à douze conseillers nommés. 

        Source : Édits, ordonnances royaux, vol 1, p. 37-39 cité dans Marcel Trudel, La Nouvelle-France par les textes : Les cadres de vie, Hurtubise, Montréal, 2003, p. 50-51.

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        Cahier de traces

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        Similitudes:


        Différences: