À propos des ouragans

Le climat sous les tropiques est chaud et humide parce que la terre capte plus d'énergie solaire qu'elle n'en réfléchit dans l'espace. Ce phénomène de surchauffe crée des conditions météorologiques pouvant avoir des incidences sur toutes les régions du monde. C’est cette différence en énergie qui provoque les flux atmosphériques.

Il pleut beaucoup sous les tropiques parce que la chaleur du soleil fait grimper l'air. À certains moments de l’année, les averses et les orages se succèdent tous les jours. Les températures y sont élevées tout au long de l'année, avec très peu d'écarts (entre 22°et 35°C). C’est pourquoi on ne distingue pas les saisons tropicales par des périodes chaudes ou froides comme c'est le cas au Canada. Les saisons, sous ces climats chauds, sont plutôt réparties selon la pluviosité et la nébulosité.

Ces conditions chaudes et humides, au-dessus des océans tropicaux, sont les principaux ingrédients des cyclones tropicaux. Le cyclone tropical est une tempête avec un centre dépressionnaire et des orages qui charrient des vents violents et d'énormes quantités d'eau. Ces orages ont différentes intensités, allant de dépressions tropicales, avec des vents inférieurs aux coups de vent (moins de 63 km/h), à de violents ouragans et typhons dont les vents excèdent 250 km/h. Chacun d'eux peut apporter des accumulations dévastatrices de pluie (des centaines de millimètres) en très peu de temps; les précipitations de 25 à 50 mm/h ne sont pas rares. Outre le vent et la pluie, les cyclones tropicaux peuvent donner naissance à de hautes vagues et à des ondes de tempête dévastatrices. Et même, donner naissance à des tornades.

La férocité de ces tempêtes est à l'origine de l’ancien terme « houragan ». « Houragan » est dérivé du nom du dieu des enfers « hurican » des indiens Caraïbes qui avait été emprunté au dieu maya Hurikan, l'un des dieux créateurs. Fondamentalement, le terme « hurican » signifie « mauvais vent ». Quiconque a vécu le vent, la pluie, l’onde de tempête et les vagues océaniques de l’une de ces tempêtes sera d’accord avec le sens du terme.

Environ 30% des réclamations d’assurance du monde entier sont apparentées aux cyclones tropicaux. Au Canada seulement, les cyclones tropicaux ont fauché plus de 600 vies depuis 1900.

On peut être étonné d’apprendre que les ouragans ne sont pas que néfastes. En fait, les climatologues se demandent si les ouragans ne jouent pas un rôle important en redistribuant l'énergie thermique accumulée dans les régions équatoriales et en la repoussant vers les pôles dans des tempêtes en haute altitude. Nous ne savons pas jusqu'à quel point ces tempêtes régissent la chaleur de la terre, mais entre 80 et 85% d'entre elles y jouent un rôle.

Comment et où se forment les ouragans

Un cyclone tropical est une tempête dont le centre est dépressionnaire. Mais, alors que les dépressions atmosphériques et les tempêtes, au Canada, sont alimentées par le choc de l’air chaud et de l'air froid, les cyclones tropicaux sont alimentés par différents phénomènes. Par exemple, l’eau est évaporée puis retransformée en liquide.

La plupart des gens savent que la chaleur est nécessaire à l’évaporation de l’eau. Par exemple, quand on fait bouillir de l’eau sur la cuisinière. La chaleur provoque l’évaporation de l’eau. Celle-ci devient vapeur captive de l’air. La vapeur d’eau tout juste au-dessus de l’eau, dans la casserole, est plus chaude que l’air ambiant et monte. L’atmosphère tropicale, chaude, est comme la cuisinière : Elle réchauffe l’eau à la surface de l'océan et provoque son évaporation. Et tout comme la vapeur d’eau captive de l'air dans la casserole, l'eau à la surface de l'océan monte dans l'atmosphère. C’est le début d'une perturbation atmosphérique! L’air montant entre en contact avec des pressions et des températures plus basses, en hautes altitudes, et la vapeur d’eau commence à se condenser et retrouve sa forme liquide. Ce sont les nuages. Et c’est à ce moment que l'intéressant phénomène physique de la formation des cyclones tropicaux se produit.

Le terme « cyclone » est un terme de météorologie qui fait généralement référence à une zone de dépression. Dans l’hémisphère nord, les cyclones tournent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre; dans l'hémisphère sud, dans les sens des aiguilles d’une montre. Il y a différents types de cyclones; par exemple, les cyclones extratropicaux (faisant plutôt référence au processus de formation qu'à l'origine géographique); les mésocyclones (grands orages violents qui donnent naissance aux tornades); et les cyclones tropicaux.

Conditions essentielles à la formation des cyclones tropicaux

L’eau chaude de l’océan n’est pas le seul ingrédient nécessaire à la formation des cyclones tropicaux. Toutes les conditions suivantes doivent être réunies :

  • Eaux chaudes de l’océan pour alimenter le cyclone tropical.  Des études ont démontré que la température à la surface de la mer doit être d'au moins 26,5 °C, sur une profondeur d’au moins 50 mètres. C’est pourquoi les cyclones ne peuvent prendre naissance ailleurs, où l’eau est trop froide, que sous les tropiques.
  • Eau chaude et humide tropicalequi favorise la naissance des orages. Le développement des orages est à la base du dégagement de la chaleur, le mécanisme d’entraînement des cyclones tropicaux.
  • Distance d’au moins 500 km (à une latitude de 5° environ) Condition importante, car la force de Coriolis – la force apparente de la terre en rotation – qui provoque la rotation de la perturbation en formation ne peut persister sans basse pression. La force de Coriolis s’amenuise près de l’équateur et augmente vers les pôles.
  • Perturbation déjà en place près de la surface, zone de dépression ou région de convergence.Les cyclones tropicaux ne peuvent apparaître sans mécanisme déclencheur qui aspire l’air aux niveaux inférieurs de l'atmosphère.
  • Cisaillement de vent faible ou nul entre la surface et la haute troposphère (partie supérieure de l'atmosphère où prennent naissance les conditions météorologiques, juste au-dessous de la stratosphère). Le cisaillement vertical du vent est tout simplement un changement de vitesse ou de direction du vent en altitude montante. Le grand cisaillement vertical du vent interrompt une perturbation en formation et peut prévenir la formation d'un cyclone tropical. Si le cyclone tropical est déjà formé, le grand cisaillement vertical du vent peut l’affaiblir et même l’annihiler en entravant le processus de convection profonde (renversement de l'air) autour du centre du cyclone en le renversant ou en y pratiquant des ouvertures.

Toutes ces conditions sont nécessaires à la naissance d'un cyclone, mais il est possible que ça ne soit pas suffisant. Il arrive que toutes les conditions soient en place et qu'aucun cyclone n'apparaisse. Cela fait partie du défi de prévoir le développement d’un cyclone tropical – processus appelé la cyclogénèse tropicale.

Bien qu’elle ne soit pas indispensable, une zone de haute pression se trouvant tout en haut de la troposphère, au-dessus de la tempête ou de la perturbation en formation, peut énormément contribuer à la naissance d’un cyclone tropical. Cette zone sert de « cheminée » à la tempête en agissant de deux importantes façons : 1) Elle éloigne l’air ascendant du centre de la tempête pour qu’il ne s'accumule pas au-dessus de celle-ci et provoque l'affaissement de cette dernière; 2) elle aspire l'air dans la tempête pour l’aider à monter et maintient la dépression en surface.

Où et quand se forment les cyclones tropicaux

Le tableau ci-dessous montre 7 bassins où se forment les cyclones, avec le moment de l'année pour chacun d'eux et les noms donnés aux plus violents cyclones tropicaux. On remarque que les cyclones tropicaux ne se développent pas près de l’équateur (la force de Coriolis y étant trop faible pour générer l'effet de rotation) ni à bonne distance de l'équateur (où l'eau est trop froide). Les cyclones tropicaux se forment généralement dans une bande de latitudes.

La côte ouest du Canada n’est jamais directement frappée par les cyclones tropicaux de l’océan Pacifique. Toutefois, une fois ou deux par année, les restes de typhons du Pacifique Ouest traversent l’océan, passent en transition extratropicale et frappent la Colombie-Britannique en tant que cyclones extratropicaux (tempêtes types des latitudes moyennes). Le plus célèbre de ces typhons a été Freda, en 1962, qui a causé de sérieux dégâts sur la côte ouest d'Amérique du Nord. C’est la célèbre tempête du Columbus Day.

La reconstruction aux Philippines pourrait prendre 10 ans

La reconstruction dans les zones balayées par le typhon Haiyan ce mois-ci aux Philippines pourrait prendre jusqu'à 10 ans, ont estimé mercredi des experts.

Les travaux risquent ainsi de durer plus longtemps que la reconstruction sur le littoral de la province indonésienne d'Aceh, frappé durement par le tsunami de 2004, selon ces experts.

Le super-typhon Haiyan a balayé ou endommagé pratiquement tout sur son passage le 8 novembre dans le centre des Philippines, avec des vagues de sept mètres qui ont envahi la ville de Tacloban, dans la province de Leyte, et détruit 90 % des constructions.

Haiyan a fait au moins 5500 morts, et plus de 1700 personnes sont toujours portées disparues. Quatre millions de personnes ont été déplacées du fait de ce cataclysme, et le coût des destructions infligées aux récoltes et aux infrastructures a été chiffré à 563 millions de dollars.

« L'énormité de cette catastrophe est sans précédent au moins dans la région Asie-Pacifique », a déclaré Sanny Jegillos, du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). C'est beaucoup, beaucoup plus ample que le tsunami à Aceh ».

Selon les premières estimations établies par le gouvernement, le coût de la reconstruction serait de 250 milliards de pesos philippins, soit 5,7 milliards de dollars. La reconstruction d'Aceh, échelonnée sur huit ans, était revenue à près de sept milliards de dollars, financés par le gouvernement indonésien et par des donateurs internationaux.

Manille a déclaré que les nouvelles structures dans les zones sujettes à des typhons devaient être en mesure de résister à des vents de l'ordre de 300 km/h, niveau proche du maximum atteint par les vents de Haiyan lorsqu'ils ont malmené la province de Samar Oriental avant de traverser le centre de l'archipel philippin.

Ottawa fait un effort supplémentaire

Mercredi, le gouvernement Harper a fait savoir que la date limite pour que les Canadiens fassent des dons à un Fonds d'aide aux Philippines serait repoussée de deux semaines, au 23 décembre.

Le ministre du Développement international, Christian Paradis, en a fait l'annonce à son retour d'un voyage dans l'archipel dévasté par le typhon Haiyan. Il a précisé que son gouvernement continuera à verser un dollar dans ce fonds d'aide pour chaque dollar donné par les citoyens.

Le ministre Paradis s'est dit extrêmement fier du rôle joué par le Canada auprès des sinistrés, notamment avec l'installation d'un hôpital de campagne à Ormoc.

Une messe spéciale en soutien au peuple des Philippines sera célébrée à 19 h 30, jeudi, à l'oratoire Saint-Joseph, par l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine.

Philippines: un tiers de la récolte de riz dévastée

Vue aérienne d'une partie de la ville de Tacloban, complètement rasée par les flots déchaînés.  Photo :  AFP/TED ALJIBE

La FAO, l'organisation de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation, lance un appel urgent en faveur des agriculteurs philippins dont la récolte de riz a été dévastée par le passage du typhon Haiyan.

«Des centaines de milliers d'agriculteurs des Philippines dont les cultures ont été balayées par le typhon Haiyan ont besoin d'une aide d'urgence pour pouvoir resemer avant la clôture de la campagne en cours», a alerté mardi la FAO.

L'organisation internationale a précisé, dans un communiqué, que les régions les plus touchées assuraient un tiers de la production nationale de riz.

Dans la partie centrale du pays, le typhon a provoqué des dégâts sur la récolte principale de 2013 qui était quasiment rentrée. Il a aussi interrompu les semis de la campagne secondaire qui s'achève fin décembre, selon la FAO qui «craint que de nombreuses installations de stockage aient été détruites avec leur contenu».

La FAO a «revu à la baisse ses estimations pour la production nationale de riz de 2013» qui s'établissent désormais à 18 millions de tonnes contre 18,9 millions estimées en début de campagne. L'organisation attendait alors une «récolte exceptionnelle».

Selon l'organisme onusien, «les agriculteurs des zones touchées pourraient être confrontés à de graves problèmes d'insécurité alimentaire s'ils ne parviennent pas à semer durant les semaines à venir».

«Les premières estimations montrent que des centaines de milliers d'hectares de riz et d'autres cultures fondamentales comme la noix de coco ont été touchés par le typhon», a insisté Dominique Burgeon, directeur de la Division des situations d'urgence et de la réhabilitation de la FAO, cité dans le communiqué.

«Si nous voulons éviter que des régions entières soient dépendantes de l'aide alimentaire, il nous faut agir sans délai pour aider les familles vulnérables à semer ou resemer d'ici fin décembre», a-t-il ajouté.

La FAO souhaite fournir aux agriculteurs des semences de riz et de maïs, des outils, des engrais et du petit matériel d'irrigation. Elle veut aussi apporter semences maraîchères aux familles, pour leur permettre de «faire la soudure» jusqu'à la prochaine récolte.

Quelque 13 millions de personnes ont été frappées par Haiyan le 8 novembre,  l'un des plus puissants typhon à avoir jamais touché terre, et 4 millions sont déplacées, selon les dernières estimations du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Selon les estimations, 2,5 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire, alors des milliers ont été tuées lors du passage du typhon.

 



A la Une de la presse américaine : le typhon qui s'est abattu sur les Philippines

Par Romain Lemaresquier

Quatre jours après le passage du typhon Haiyan, les bilans restent très provisoires aux Philippines et la presse mondiale se pose des questions

C'est le cas notamment du Washington Post qui publie en Une, une série d'articles sur cette catastrophe naturelle sans précédent aux Philippines. Dans un article intitulé « Pourquoi les Philippines n'étaient pas préparées au passage du typhon Haiyan ? », le quotidien ne remet pas en cause les mesures prises par les autorités du pays, mais aborde la question de l'organisation après la catastrophe.

Pour le quotidien, les autorités ont été prises au dépourvu par l'ampleur de cette tempête. Le fait que l'aide, les secouristes et tous les « travailleurs d'urgence », comme les appelle le Washington Post, n'arrivent pas à se rendre dans les zones sinistrées démontre à quel point le gouvernement philippin a été surpris par l'ampleur de la catastrophe. Le quotidien cite en exemple les estimations : au départ, le gouvernement parlait de 229 morts, l'armée de 942, alors que les autorités locales évoquaient le chiffre de 10 000 victimes.

Pourtant, les Philippines sont malheureusement habituées aux tempêtes tropicales, rappelle leWashington Post. Selon le journal, vingt tempêtes tropicales frappent chaque année ce pays, c'est donc « une routine » pour les Philippines estime le Washington Post. Mais les autorités ne se sont certainement pas rendues compte de l'importance de Haiyan et de la force des vents notamment.

L'autre facteur qui, selon le quotidien, expliquerait le manque de préparation du pays est à mettre sur le compte de la pauvreté. Les Philippines sont classées au 165e rang mondial en ce qui concerne le PIB (le produit intérieur brut). Les constructions sont modestes et majoritairement en bois. Le gouvernement, qui dispose de peu de ressources, ne peut investir dans la mise en place d'infrastructures qui pourraient résister à de telles catastrophes naturelles. Aujourd'hui, quatre jours après le passage du typhon, le constat est simple selon le journal : il faut six heures aux secouristes pour acheminer du matériel entre l'aéroport de Tacloban et son centre-ville. Il n'y a plus de télécommunications, ni de source d'énergie. D'ailleurs, les autorités estiment qu'il faudra plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant que tout fonctionne à nouveau. C'est un immense défi pour ce pays très centralisé qui pourrait, à terme, permettre la mise en place d'infrastructures qui empêcheront qu'un tel désastre ne se reproduise, selon le Washington Post.

 

Le plus puissant cyclone de l'histoire, le super-typhon Haiyan, dévaste les Philippines

Un an après le super-typhon Bopha, les Philippines viennent d'affronter le plus puissant typhon[1] de l'histoire contemporaine. Il a frappé le centre de l'archipel avec des vents supérieurs à 300 km/h et des vagues aussi puissantes qu'un tsunami. Le bilan humain et matériel est catastrophique, les Philippines ne peuvent gérer un tel désastre et en appellent à l'aide internationale. Jeudi 7 novembre 2013, l'archipel des Philippines se préparait tant bien que mal à l'arrivée d'un cyclone particulièrement puissant. Baptisé Haiyan, (Yolanda aux Philippines), cette dépression tropicale d'une rare intensité a dévasté l'archipel.



Haiyan : le plus puissant cyclone de l'histoire contemporaine

Né dans les eaux chaudes du Pacifique le 3 novembre 2013, Haiyan était alors une modeste dépression tropicale avec des vents de 48 km/h. Deux jours plus tard, celle-ci devenait un typhon avec des vents de 120 km/h ; puis un super-typhon le 6 novembre pour finalement atteindre son paroxysme le 7 novembre. D'après l'agence météorologique japonaise et le centre américain inter-armes de prévisions des cyclones tropicaux, Haiyan se caractérisait alors par une pression en son centre proche de 870 hPa, des rafales de vent qui ont atteint 379 km/h, et une houle cyclonique de 10 m ! Haiyan était devenu un monstre, classé au plus haut niveau (5) sur l'échelle ouverte de Saffir-Simpson : un cyclone « catastrophique » qui ravage tout sur son passage, encore plus puissant que le terrible ouragan Katrina qui dévastait le Mississipi (Etats-Unis) en août 2005.


Il s'agit sans aucun doute du plus violent cyclone de l'année tous bassins océaniques confondus et probablement l'ouragan le plus puissant depuis 50 ans dans le monde.

Le 6 novembre, le président philippin Benigno Aquino III a exhorté la population à se protéger au maximum, tandis que plus de 4 millions de personnes ont été déplacées, selon les dernières estimations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (HCR). Les transports maritimes et aériens ont été en grande partie interrompus, les écoles ont été fermées, et pourtant, le bilan est conséquent.



De lourdes pertes humaines et matérielles

Haiyan s'est dirigé vers les Philippines et a balayé l'archipel d'est en ouest en affectant plus de 13 millions de personnes (sur une population de 97 millions d'habitants), notamment l'agglomération de Cebu, la deuxième plus grande du pays après Manille (la capitale) et qui compte environ 2,5 millions d'habitants.

Selon un haut responsable de la police philippine "70 à 80% des constructions et des structures situées sur la trajectoire du typhon ont été détruites". Des vents atteignant 315 km/h ont été enregistrés sur les côtes et la montée des eaux couplée aux précipitations diluviennes ont englouti des villes côtières. Ce phénomène, qui s'est traduit par des vagues qui ont atteint jusqu'à 7,5 mètres, expliquerait la majorité des victimes, plusieurs personnes décrivant l'arrivée du typhon comme un véritable tsunami, noyant des milliers de personnes.

Les infrastructures de transport et de communication ont été durement touchées : de nombreuses routes et réseaux sont coupés isolant des villes entières.

La ville portuaire de Guiuan (47 000 habitants) a été sévèrement touchée : tous les établissements de santé y ont été détruits. En outre, elle est restée longtemps isolées, rendant la tâche des secours très difficile.

Plus de 4,5 millions de femmes, d'hommes et d'enfants en détresse se retrouvent sans abris, souvent sans eau potable, ni nourriture ni médicaments. En état de choc, les rescapés se réfugient autour de l'aéroport détruit de la ville de Tacloban, dans l'espoir d'avoir accès à une aide humanitaire vitale, rapporte Etienne Daly, logisticien chez Solidarités International.


La ville de Tacloban est dévastée

Le super-typhon a durement frappé la ville côtière de Tacloban (île de Leyte), une ville de plus de 220 000 habitants : les rues ont été submergées par les pluies et la houle, tandis que les vents ont mis à terre les arbres, les bâtiments et les voitures.

Selon les estimations, le dernier bilan humain fait état d'au moins 5 200 morts, avec encore beaucoup d'incertitude.


Les dégâts sur la production alimentaire

Selon la FAO, plus d'un million d'agriculteurs ont été touchés et des centaines de milliers d'hectares de riz détruits, et ce, juste au début de la campagne principale de semis du riz. Le déficit de production de riz est estimé à 900 000 tonnes et se fera sentir en particulier dans les cinq régions les pus touchées. En outre, l'agence de l'ONU prévoit de graves impacts sur la production de noix de coco dans les zones sinistrées, sans compter la destruction à grande échelle des installations de stockage et des infrastructures rurales.


Les pêcheries dévastées

Sur le littoral, l'onde de tempête a balayé des communautés entières de pêcheurs, démolissant bateaux et matériels.

Selon les évaluations préliminaires effectuées par le Ministère philippin de l'agriculture relayées par la FAO, les petits pêcheurs ont été les plus durement touchés par le typhon qui a endommagé des dizaines de milliers de petites embarcations et de matériel de pêche, alors que les pertes essuyées par les plus grands navires commerciaux ont été moins importantes.

Quelque 16 500 producteurs d'algues – essentiellement des femmes – ont également perdu leurs moyens de subsistance.

Le typhon a balayé les infrastructures de base, y compris les jetées et les ports de débarquement, les installations de congélation et les chambres froides, les locaux de réparation et d'entretien des bateaux, les usines de transformation et les marchés.

Les principales infrastructures aquicoles ont également été détruites, à savoir les pontons utilisés pour la culture d'huîtres, les élevages de crabes, de crevettes et de moules, de même que les étangs à poisson, les cages flottantes de tilapias et les écloseries.

Le 19 novembre 2013, la FAO estimait que 2,5 millions de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire.


Les secours nationaux débordés face à la crise

Confronté à l'une des plus graves crises depuis son arrivée au pouvoir il y a trois ans, le président philippin a annoncé l'état de catastrophe nationale, ce qui permet d'imposer un contrôle des prix, et d'accélérer le déblocage de fonds. 15 000 soldats, épaulés par des avions et des hélicoptères chargés de matériel sont en cours de déploiement, notamment à Tacloban, qui a subi les plus gros dégâts.

Mais, pour le secrétaire aux affaires intérieures des Philippines, "quelle que soit l'aide apportée, ce ne sera pas assez".

Selon l'ONU, au moins sept provinces ont été touchées par la catastrophe : Samar, Leyte, Cebu, Iloilo, Capiz, Aklan et Palawan ; un centre d'aide humanitaire est établi dans chacune d'elles. L'ampleur de la catastrophe pourrait être plus grande encore car une vingtaine de petites îles isolées et qui auraient pu être également touchées par le typhon.



Chaos et scènes de pillage

Dans l'attente des secours et de l'aide internationale difficile à acheminer dans les zones sinistrées, les scènes de pillage se sont multipliées dimanche.

"Les scènes de pillage, j'allais dire, sont compréhensibles. Les gens sont à cran, ils n'ont plus rien à manger, ils marchent en aillons aux bords des routes. Et on peut comprendre qu'ils se jettent sur n'importe quelle source de nourriture, ou légumes, ou magasin qu'ils voient, malheureusement." a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du Programme alimentaire mondial, sur RFI.


L'aide international se mobilise

Face à l'ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont proposé leur aide. L'Australie et les Etats-Unis ont répondu les premiers à l'appel à l'aide du président philippin. Les USA vont fournir des hélicoptères, des avions, des navires et des équipements destinés à la recherche et au sauvetage, a indiqué le secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont accordé dimanche une aide de près d'un demi-million de dollars US (370 000 euros), alloués à la Croix Rouge de l'archipel, et indiqué qu'une aide supplémentaire pourrait suivre.

De son côté, le PAM (Programme alimentaire mondial), une agence de l'ONU, est en train d'organiser le transfert de dizaines de tonnes d'aide alimentaire. L'Unicef, l'agence onusienne pour l'enfance, a déjà préparé 60 tonnes de matériels de santé et de survie qui partiront d'un de ses centres de logistique à Copenhague et devraient arriver aux Philippines mardi.

La Commission européenne "a déjà envoyé une équipe pour assister les autorités, et nous sommes prêts à contribuer (aux secours) par une aide d'urgence si cela est requis", a fait savoir son président, José Manuel Barroso.


Le Vietnam a été épargné

Heureusement, le super typhon s'est considérablement affaibli lors de la traversée de la mer de Chine du Sud, et n'a pas engendré de pertes humaines significatives lorsqu'il a touché le littoral du Vietnam le 11 novembre au matin : le super-typhon n'était plus qu'une tempête tropicale avec des vents d'environ 110 km/h. Le pays s'était tout de même préparé au pire, procédant à l'évacuation de plus de 600 000 personnes.

Haiyan est le 24e typhon de l'année qui a frappé les Philippines. Chaque année, l'archipel est balayé par une vingtaine de grosses tempêtes ou typhons, généralement entre juin et octobre. En 1995, le typhon Angela avait déjà touché le pays, avec des rafales de vent de près de 300 km/h et l'année dernière, début décembre, les Philippines essuyaient le super-typhon Bopha qui faisait des milliers de morts et disparus...

Haiyan devrait être la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire contemporaine des Philippines. La précédente date de 1976, lorsqu'un séisme et un tsunami avaient causé la mort d'au moins 8 000 personnes sur Mindanao, une île du sud.


Localisation géographique du super-typhon