Le plus puissant typhon de l'histoire, le super-typhon Haiyan, dévaste les Philippines

11 novembre 2013 ; révision : 28 janvier 2014, 09 h 50


Un an après le super-typhon Bopha, les Philippines viennent d'affronter le plus puissant typhon de l'histoire contemporaine. Il a frappé le centre de l'archipel avec des vents supérieurs à 300 km/h et des vagues aussi puissantes qu'un tsunami. Le bilan humain et matériel est catastrophique, les Philippines ne peuvent gérer un tel désastre et en appellent à l'aide internationale.


Un an après le super-typhon Bopha, les Philippines viennent d'affronter le plus puissant typhon[1] de l'histoire contemporaine. Il a frappé le centre de l'archipel avec des vents supérieurs à 300 km/h et des vagues aussi puissantes qu'un tsunami. Le bilan humain et matériel est catastrophique, les Philippines ne peuvent gérer un tel désastre et en appellent à l'aide internationale. Jeudi 7 novembre 2013, l'archipel des Philippines se préparait tant bien que mal à l'arrivée d'un cyclone particulièrement puissant. Baptisé Haiyan, (Yolanda aux Philippines), cette dépression tropicale d'une rare intensité a dévasté l'archipel.



Haiyan : le plus puissant cyclone de l'histoire comtemporaine

Né dans les eaux chaudes du Pacifique le 3 novembre 2013, Haiyan était alors une modeste dépression tropicale avec des vents de 48 km/h. Deux jours plus tard, celle-ci devenait un typhon avec des vents de 120 km/h ; puis un super-typhon le 6 novembre pour finalement atteindre son paroxysme le 7 novembre. D'après l'agence météorologique japonaise et le centre américain inter-armes de prévisions des cyclones tropicaux, Haiyan se caractérisait alors par une pression en son centre proche de 870 hPa, des rafales de vent qui ont atteint 379 km/h, et une houle cyclonique de 10 m ! Haiyan était devenu un monstre, classé au plus haut niveau (5) sur l'échelle ouverte de Saffir-Simpson : un cyclone « catastrophique » qui ravage tout sur son passage, encore plus puissant que le terrible ouragan Katrina qui dévastait le Mississipi (Etats-Unis) en août 2005.

Il s'agit sans aucun doute du plus violent cyclone de l'année tous bassins océaniques confondus et probablement l'ouragan le plus puissant depuis 50 ans dans le monde.

Le 6 novembre, le président philippin Benigno Aquino III a exhorté la population à se protéger au maximum, tandis que plus de 4 millions de personnes ont été déplacées, selon les dernières estimations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (HCR). Les transports maritimes et aériens ont été en grande partie interrompus, les écoles ont été fermées, et pourtant, le bilan est conséquent.

De lourdes pertes humaines et matérielles

Haiyan s'est dirigé vers les Philippines et a balayé l'archipel d'est en ouest en affectant plus de 13 millions de personnes (sur une population de 97 millions d'habitants), notamment l'agglomération de Cebu, la deuxième plus grande du pays après Manille (la capitale) et qui compte environ 2,5 millions d'habitants.

Selon un haut responsable de la police philippine "70 à 80% des constructions et des structures situées sur la trajectoire du typhon ont été détruites". Des vents atteignant 315 km/h ont été enregistrés sur les côtes et la montée des eaux couplée aux précipitations diluviennes ont englouti des villes côtières. Ce phénomène, qui s'est traduit par des vagues qui ont atteint jusqu'à 7,5 mètres, expliquerait la majorité des victimes, plusieurs personnes décrivant l'arrivée du typhon comme un véritable tsunami, noyant des milliers de personnes.

Les infrastructures de transport et de communication ont été durement touchées : de nombreuses routes et réseaux sont coupés isolant des villes entières.

La ville portuaire de Guiuan (47 000 habitants) a été sévèrement touchée : tous les établissements de santé y ont été détruits. En outre, elle est restée longtemps isolées, rendant la tâche des secours très difficile.

Plus de 4,5 millions de femmes, d'hommes et d'enfants en détresse se retrouvent sans abris, souvent sans eau potable, ni nourriture ni médicaments. En état de choc, les rescapés se réfugient autour de l'aéroport détruit de la ville de Tacloban, dans l'espoir d'avoir accès à une aide humanitaire vitale, rapporte Etienne Daly, logisticien chez Solidarités International.

La ville de Tacloban est dévastée

Le super-typhon a durement frappé la ville côtière de Tacloban (île de Leyte), une ville de plus de 220 000 habitants : les rues ont été submergées par les pluies et la houle, tandis que les vents ont mis à terre les arbres, les bâtiments et les voitures.

Selon les estimations, le dernier bilan humain fait état d'au moins 5 200 morts, avec encore beaucoup d'incertitude.


Les dégâts sur la production alimentaire

Selon la FAO, plus d'un million d'agriculteurs ont été touchés et des centaines de milliers d'hectares de riz détruits, et ce, juste au début de la campagne principale de semis du riz. Le déficit de production de riz est estimé à 900 000 tonnes et se fera sentir en particulier dans les cinq régions les plus touchées. En outre, l'agence de l'ONU prévoit de graves impacts sur la production de noix de coco dans les zones sinistrées, sans compter la destruction à grande échelle des installations de stockage et des infrastructures rurales.


Les pêcheries dévastées

Sur le littoral, l'onde de tempête a balayé des communautés entières de pêcheurs, démolissant bateaux et matériels.

Selon les évaluations préliminaires effectuées par le Ministère philippin de l'agriculture relayées par la FAO, les petits pêcheurs ont été les plus durement touchés par le typhon qui a endommagé des dizaines de milliers de petites embarcations et de matériel de pêche, alors que les pertes essuyées par les plus grands navires commerciaux ont été moins importantes.

Quelque 16 500 producteurs d'algues – essentiellement des femmes – ont également perdu leurs moyens de subsistance.

Le typhon a balayé les infrastructures de base, y compris les jetées et les ports de débarquement, les installations de congélation et les chambres froides, les locaux de réparation et d'entretien des bateaux, les usines de transformation et les marchés.

Les principales infrastructures aquicoles ont également été détruites, à savoir les pontons utilisés pour la culture d'huîtres, les élevages de crabes, de crevettes et de moules, de même que les étangs à poisson, les cages flottantes de tilapias et les écloseries.

Le 19 novembre 2013, la FAO estimait que 2,5 millions de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire.


Les secours nationaux débordés face à la crise

Confronté à l'une des plus graves crises depuis son arrivée au pouvoir il y a trois ans, le président philippin a annoncé l'état de catastrophe nationale, ce qui permet d'imposer un contrôle des prix, et d'accélérer le déblocage de fonds. 15 000 soldats, épaulés par des avions et des hélicoptères chargés de matériel sont en cours de déploiement, notamment à Tacloban, qui a subi les plus gros dégâts.

Mais, pour le secrétaire aux affaires intérieures des Philippines, "quelle que soit l'aide apportée, ce ne sera pas assez".

Selon l'ONU, au moins sept provinces ont été touchées par la catastrophe : Samar, Leyte, Cebu, Iloilo, Capiz, Aklan et Palawan ; un centre d'aide humanitaire est établi dans chacune d'elles. L'ampleur de la catastrophe pourrait être plus grande encore car une vingtaine de petites îles isolées et qui auraient pu être également touchées par le typhon.


Chaos et scènes de pillage

Dans l'attente des secours et de l'aide internationale difficile à acheminer dans les zones sinistrées, les scènes de pillage se sont multipliées dimanche.

"Les scènes de pillage, j'allais dire, sont compréhensibles. Les gens sont à cran, ils n'ont plus rien à manger, ils marchent en aillons aux bords des routes. Et on peut comprendre qu'ils se jettent sur n'importe quelle source de nourriture, ou légumes, ou magasin qu'ils voient, malheureusement." a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du Programme alimentaire mondial, sur RFI.


L'aide internationale se mobilise

Face à l'ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont proposé leur aide. L'Australie et les Etats-Unis ont répondu les premiers à l'appel à l'aide du président philippin. Les USA vont fournir des hélicoptères, des avions, des navires et des équipements destinés à la recherche et au sauvetage, a indiqué le secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont accordé dimanche une aide de près d'un demi-million de dollars US (370 000 euros), alloués à la Croix Rouge de l'archipel, et indiqué qu'une aide supplémentaire pourrait suivre.

De son côté, le PAM (Programme alimentaire mondial), une agence de l'ONU, est en train d'organiser le transfert de dizaines de tonnes d'aide alimentaire. L'Unicef, l'agence onusienne pour l'enfance, a déjà préparé 60 tonnes de matériels de santé et de survie qui partiront d'un de ses centres de logistique à Copenhague et devraient arriver aux Philippines mardi.

La Commission européenne "a déjà envoyé une équipe pour assister les autorités, et nous sommes prêts à contribuer (aux secours) par une aide d'urgence si cela est requis", a fait savoir son président, José Manuel Barroso.


Le Vietnam a été épargné

Heureusement, le super typhon s'est considérablement affaibli lors de la traversée de la mer de Chine du Sud, et n'a pas engendré de pertes humaines significatives lorsqu'il a touché le littoral du Vietnam le 11 novembre au matin : le super-typhon n'était plus qu'une tempête tropicale avec des vents d'environ 110 km/h. Le pays s'était tout de même préparé au pire, procédant à l'évacuation de plus de 600 000 personnes.

Haiyan est le 24e typhon de l'année qui a frappé les Philippines. Chaque année, l'archipel est balayé par une vingtaine de grosses tempêtes ou typhons, généralement entre juin et octobre. En 1995, le typhon Angela avait déjà touché le pays, avec des rafales de vent de près de 300 km/h et l'année dernière, début décembre, les Philippines essuyaient le super-typhon Bopha qui faisait des milliers de morts et disparus...

Haiyan devrait être la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire contemporaine des Philippines. La précédente date de 1976, lorsqu'un séisme et un tsunami avaient causé la mort d'au moins 8 000 personnes sur Mindanao, une île du sud.

Localisation géographique du super-typhon

Source :  http://www.notre-planete.info/actualites/3852-super-typhon-Haiyan-Philippines

À la Une de la presse américaine : le typhon qui s'est abattu sur les Philippines

Par Romain Lemaresquier

Quatre jours après le passage du typhon Haiyan, les bilans restent très provisoires aux Philippines et la presse mondiale se pose des questions

C'est le cas notamment du Washington Post qui publie en Une, une série d'articles sur cette catastrophe naturelle sans précédent aux Philippines. Dans un article intitulé « Pourquoi les Philippines n'étaient pas préparées au passage du typhon Haiyan ? », le quotidien ne remet pas en cause les mesures prises par les autorités du pays, mais aborde la question de l'organisation après la catastrophe.

Pour le quotidien, les autorités ont été prises au dépourvu par l'ampleur de cette tempête. Le fait que l'aide, les secouristes et tous les « travailleurs d'urgence », comme les appelle le Washington Post, n'arrivent pas à se rendre dans les zones sinistrées démontre à quel point le gouvernement philippin a été surpris par l'ampleur de la catastrophe. Le quotidien cite en exemple les estimations : au départ, le gouvernement parlait de 229 morts, l'armée de 942, alors que les autorités locales évoquaient le chiffre de 10 000 victimes.

Pourtant, les Philippines sont malheureusement habituées aux tempêtes tropicales, rappelle leWashington Post. Selon le journal, vingt tempêtes tropicales frappent chaque année ce pays, c'est donc « une routine » pour les Philippines estime le Washington Post. Mais les autorités ne se sont certainement pas rendues compte de l'importance de Haiyan et de la force des vents notamment.

L'autre facteur qui, selon le quotidien, expliquerait le manque de préparation du pays est à mettre sur le compte de la pauvreté. Les Philippines sont classées au 165e rang mondial en ce qui concerne le PIB (le produit intérieur brut). Les constructions sont modestes et majoritairement en bois. Le gouvernement, qui dispose de peu de ressources, ne peut investir dans la mise en place d'infrastructures qui pourraient résister à de telles catastrophes naturelles. Aujourd'hui, quatre jours après le passage du typhon, le constat est simple selon le journal : il faut six heures aux secouristes pour acheminer du matériel entre l'aéroport de Tacloban et son centre-ville. Il n'y a plus de télécommunications, ni de source d'énergie. D'ailleurs, les autorités estiment qu'il faudra plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant que tout fonctionne à nouveau. C'est un immense défi pour ce pays très centralisé qui pourrait, à terme, permettre la mise en place d'infrastructures qui empêcheront qu'un tel désastre ne se reproduise, selon le Washington Post.

Source : http://www.rfi.fr/ameriques/20131112-une-presse-americaine-le-typhon-s-est-abattu-philippines/

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