La population et la vie sociale de 1840 à 1896
2. Les groupes sociaux
Comprendre et distinguer les caractéristiques des groupes sociaux de la seconde moitié du 19e siècle.
Consulte le portrait de chacun des quatre personnages ci-dessous. À quel groupe social peux-tu associer chacun d’entre eux?
- Pour le savoir, lis chacune des cartes pivotantes pour en apprendre plus sur chacun de ces groupes.
- Prends quelques notes sur leurs principales caractéristiques en utilisant le tableau de prise de notes qui t’est fourni plus bas.
- Associe chacun des quatre personnages avec le bon groupe social.
Sir Hugh Allan (1810-1882)
Né en Écosse, Allan arrive à Montréal en 1826. L’entreprise d’importation à laquelle il est associée, la H. & A. Allan Company, devient la plus importante firme de transport transatlantique de passagers, de biens manufacturés et de matières premières au Canada. Il investit également dans le domaine ferroviaire et devient un important banquier et un spéculateur foncier. Il crée le premier véritable empire commercial et industriel canadien.
François-Xavier Picard, dit Tahourenché (1810-1883)
Grand Chef de 1870 à 1883, Tahourenche fut un chef important dans l’histoire des Hurons-Wendat. Sous son règne, il aide ses compatriotes à faire face à d’importants changements, tels la fin de la chasse comme activité principale et son remplacement par une économie basée sur l’artisanat et le petit commerce. Résistant à l’assimilation culturelle, il renforce la culture huronne en faisant revivre certaines traditions de sa nation.
Félicité Angers, dite « Laure Conan » (1845-1924)
Vers la fin des années 1870, Félicité Angers devient l’une des premières romancières canadiennes-françaises. Elle écrit sous le nom de plume de Laure Conan. Issue d’une famille de commerçants de La Malbaie, elle publie en 1882 son oeuvre la plus importante, Angéline de Montbrun, considérée comme le premier roman psychologique québécois. Il s’agit d’un jalon important dans l’apparition d’une littérature canadienne-française.
Edward Connolly (personnage hypothétique)
Fuyant la famine qui sévit alors en Irlande, Edward Connolly émigre au Canada en 1847, avec sa femme Ann et ses sept enfants. Après avoir passé quelque temps en quarantaine à Grosse-Île, il s’installe dans le quartier Champlain à Québec où résident beaucoup de ses compatriotes. En 1851, âgé de 40 ans, il travaille sur les quais du port comme débardeur aux côtés de son fils aîné James, âgé de 20 ans.
Cahier de traces
Conseil techno
Tu peux cliquer sur les groupes sociaux pour consulter le verso d'une carte pivotante.
La bourgeoisie industrielle
Le capitalisme fait émerger un nouveau groupe social, la bourgeoisie industrielle. Cette élite est plutôt urbaine, anglophone et protestante, mais plusieurs francophones en font également partie.
La bourgeoisie industrielle détient les moyens de production et le capital. Elle contrôle la finance, le commerce, l'industrie et ses membres s’impliquent en politique. Plusieurs immigrants provenant du Royaume-Uni, parviennent à se tailler une place de choix dans ce groupe social. Enfin, les femmes de la bourgeoisie industrielle assument un rôle social par le financement d’organisations charitables qui offrent de l’aide aux personnes démunies.
Source : Wm. Notman & Son, F. J. Francis et un ami (1895), Musée McCord, II-109450. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Les ouvriers qualifiés
Héritiers des artisans de l’ère préindustrielle, les ouvriers qualifiés disposent d’un savoir-faire les rendant capables de réaliser des tâches particulières comme la manipulation des machines d’impression par les typographes.
Parmi les ouvriers qualifiés, plusieurs proviennent d’Angleterre ou d’Écosse. Ils trouvent rapidement des emplois dans les manufactures. Plus recherchés et plus difficiles à remplacer en raison de leurs compétences, ils ont un plus grand poids de négociation auprès de leurs patrons. Dès le début du 19e siècle, des travailleurs qualifiés se regroupent en fonction de leurs corps de métiers afin de défendre leurs intérêts. Ils fondent ainsi les premières associations ouvrières du Québec, ancêtres des syndicats.
Source : Auteur inconnu, Les typographes du journal de l'Action Sociale limitée (1910), Bibliothèque et Archives nationales du Québec,
P428,S3,SS1,D2,P2. Licence : domaine public.
Les ouvriers non qualifiés
Apparus avec l’industrialisation, les ouvriers non qualifiés sont employés dans les manufactures des villes. Ces ouvriers et ouvrières sans formation travaillent dans des conditions de travail difficiles et disposent de peu de droits parce qu’ils sont facilement remplaçables.
Ces travailleurs sont surtout Canadiens français et Irlandais. Fuyant la Grande famine d’Irlande (1845-1852), les Irlandais forment une main-d’oeuvre bon marché dans les chantiers de construction à Montréal, dans l’industrie du bois en Mauricie, et dans la construction navale à Québec. À la fin du siècle, des Juifs d’Europe de l’est et des Italiens s’ajoutent à ce groupe.
Source : N.M. Hinshelwood, Femme en train de repasser un jupon empesé, M. T. S., QC (vers 1901), Musée McCord, MP-1985.31.179. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Les ouvriers non qualifiés : les enfants
À mesure que s’industrialise le Canada dans la seconde moitié du 19e siècle, beaucoup d’enfants non scolarisés sont engagés pour travailler dans les manufactures des villes.
Ceux-ci sont encore moins bien payés que les femmes et ils occupent des emplois où leur petite taille est un atout. Leur nombre diminue toutefois à mesure que la fréquentation scolaire augmente progressivement, surtout après 1870, alors que plusieurs écoles sont ouvertes au Québec.
Source : Lewis Wickes Hine, Fileuse travaillant pour la Vivian Cotton Mills, Cherryville, États-Unis (1908), Library of Congress, LOT 7479, v. 1, no. 0271. Licence : domaine public.
Les seigneurs
Les seigneurs font partie de l’élite de la société canadienne depuis le Régime français. Ils tirent leurs revenus de l’exploitation de leur seigneurie et forment une noblesse locale jouissant d’un fort prestige.
Toutefois, leur pouvoir décline à mesure qu’émerge le capitalisme industriel auquel ils participent peu. Ce qui restait de leurs privilèges disparait en 1854 avec l’abolition du régime seigneurial. En contrepartie, le gouvernement remet une somme considérable aux seigneurs. Par ailleurs, les seigneurs demeurent propriétaires de leur domaine et des terres qu’ils n’ont pas concédées.
Source : Auteur inconnu, Philippe Aubert de Gaspé (vers 1870), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P560,S2,D1,P1623. Licence : domaine public.
La bourgeoisie professionnelle
Cette classe rassemble les membres des professions libérales, mais aussi les marchands et les membres du clergé.
La bourgeoisie professionnelle, dont l’existence se consolide au cours du 19e siècle, est composée en bonne partie de francophones. Ils vivent autant dans les milieux urbains que ruraux. Quant aux femmes de la bourgeoisie professionnelle qui ont reçu une instruction, elles sont actives dans le milieu culturel. Elles s’investissent notamment dans le domaine de l’écrit ou de l’éducation, devenant journalistes, écrivaines, professeures, artistes, etc.
Source : J.E. Livernois, Étienne-Pascal Taché (vers 1865), Bibliothèque et Archives Canada, PA-074100, MIKAN 3221530. Licence : domaine public.
Les agriculteurs
Les agriculteurs représentent une grande partie de la population. Si certains exploitants agricoles sont prospères et jouissent de vastes étendues de terre à cultiver, d’autres agriculteurs possèdent de plus petites terres, ce qui les voue à une vie modeste.
À mesure que l’agriculture se mécanise, la production des cultivateurs se destine principalement au marché. Plusieurs agriculteurs ne possèdent pas leur propre lopin de terre, les obligeant à aller de ferme en ferme en quête de travail salarié. Dans les régions comme l’Outaouais, la Mauricie et le Saguenay, les agriculteurs tirent un revenu d’appoint de l’exploitation forestière durant la saison hivernale.
Source : Auteur inconnu, « Premier arrivé, premier servi », Le Monde illustré, vol. 4, no 178, 1er octobre 1887, p. 172, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0002749706. Licence : domaine public.
Les Autochtones
Le terme « Autochtones » englobe trois groupes distincts : les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Les Premières Nations regroupent l’ensemble des premiers peuples d’Amérique du Nord, les Inuits forment un peuple qui vit dans l’Arctique canadien et les Métis sont les descendants d’unions mixtes entre Autochtones et non-autochtones qui partagent une culture commune distinctive.
À la fin du 19e siècle, les Premières Nations représentent environ 10 000 personnes, c’est-à-dire moins de 1 % de la population du Québec. Les membres des Premières Nations du Québec sont répartis dans la vallée du Saint-Laurent, en Gaspésie ainsi que dans la région subarctique du Canada. De leur côté, les Inuits sont moins en contact avec les Blancs. Ils forment un groupe culturellement plus homogène, vivant selon un mode de vie traditionnel centré sur la pêche. Ils vivent presque tous dans l’Ungava, un immense territoire faisant alors partie des Territoires du Nord-Ouest.
Source : Joseph-Amédée Dumas, Cabane autochtone, Kanawake, QC (1890), Musée McCord, MP-0000.932.10. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Remplis le tableau afin de faire ressortir les caractéristiques principales des groupes sociaux de la population entre 1840 et 1896.