Les premiers contacts entre les Autochtones et les Européens

Site: ENA.RECITFAD.COM
Cours: HIG-4101 Histoire du Québec et du Canada, des origines à 1608
Livre: Les premiers contacts entre les Autochtones et les Européens
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: mercredi, 15 janvier 2025, 13:40

1. Introduction


Consignes pour ce chapitre

 

Tout au long de ce chapitre, tu devras lire des textes, consulter des vidéos et répondre à des questions interactives.

Lorsque tu voudras passer à la page suivante, clique sur le petit rectangle gris pâle, en haut ou en bas, à droite.

Dès le début des années 1500, les Autochtones qui occupent le nord-est de l’Amérique entrent en contact avec des Européens qui pêchent la morue au large de Terre-Neuve. Au cours du 16e siècle, certains peuples autochtones intensifient leurs échanges avec les pêcheurs européens qui fréquentent le golfe du Saint-Laurent, puis avec les explorateurs français en quête de richesses.


Après plusieurs tentatives de colonisation échouées, les Français concluent une alliance avec les Innus et d'autres nations autochtones au début du 17e siècle. Malgré la présence millénaire des Premières Nations, la couronne française utilise cette alliance pour occuper le territoire et pour tirer profit du commerce des fourrures.

Source : Walter Baker, L'arrivée de Jacques Cartier à Stadaconé, 1535 (entre 1890 et 1912),Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 2896469. Licence : domaine public.


Opérations intellectuelles


Dans ce chapitre, nous verrons les 2 opérations intellectuelles suivantes: déterminer des causes et des conséquences et dégager des différences et des similitudes. Dans un 1er temps, écoute les 3 vidéos suivantes. Informe ton enseignant.e lorsque tu auras terminé. Il-Elle prendra le temps de t'enseigner chacune d'elle en utilisant du matériel complémentaire que tu retrouveras sur le site Pédago Mosaîque.

Déterminer des causes et des conséquences

Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Déterminer des causes, c’est trouver pourquoi un événement s’est produit. Un bon indice, quand on recherche une cause, est de se souvenir qu’elle se situe toujours avant l’événement dans la chronologie.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Dégager des différences et des similitudes

Vidéo traitant de l'opération intellectuelle « Dégager des différences et des similitudes ». Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.


Dégager des différences et des similitudes, c’est comparer deux ou plusieurs documents pour faire ressortir ce qui est semblable entre eux ou ce qui est distinct.


Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

2. Les contacts des autochtones avec les pêcheurs et les explorateurs européens


Quels contacts développent les Autochtones et les pêcheurs européens? Quelles conséquences économiques, sociales et politiques desdits contacts?

Avant l’arrivée des Européens, les Innus se rendent fréquemment sur les côtes du Labrador pour pêcher et pour chasser le phoque. Ce mammifère marin fournit aussi une source d’alimentation aux Béothuks occupant l’ile que l’on nomme aujourd’hui Terre-Neuve. De l’autre côté du fleuve, les Mi'gmaqs qui occupent la Gaspésie se rendent à l’embouchure des rivières qui se jettent dans le golfe du Saint-Laurent pour pêcher les poissons qui peuplent ces cours d’eau. À partir du 16e siècle, ces peuples autochtones commencent à rencontrer des pêcheurs venus d’Europe pour exploiter les ressources des eaux côtières de l’Amérique du Nord.


Les Autochtones et les Européens dans le golfe du Saint-Laurent au 16e siècle

La carte représente le territoire inuit (orange), le territoire algonquien (bleu), le territoire iroquoien (rouge), ainsi que trois nations algonquiennes (les Innus, les Mi'gmaqs et les Béothuks). La flèche orange montre le déplacement des inuit pour pêcher alors que la flèche jaune montre le déplacement des Innus pour pêcher. Les pointillés bleu foncé illustrent les endroits où les pêcheurs européens s'arrêtent pour pêcher.

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Source : Auteur inconnu, Vue d'un échafaud et également de la façon de pêcher, de nettoyer et de sécher la morue à Terre-Neuve (1718), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN : 2926914. Licence : domaine public.

Après 1497, la nouvelle de la découverte de bancs de morue au large de Terre-Neuve par l'explorateur Jean Cabot s'est répandue en Europe. Dès le début du 16e siècle, les pêcheurs européens sont de plus en plus nombreux à traverser l'océan Atlantique pour exploiter ces bancs de poissons. Ces pêcheurs normands, bretons et basques entreprennent de longs voyages pour tirer profit d’un poisson de plus en plus consommé en Europe en raison de la croissance démographique et de la célébration des fêtes religieuses. Au cours des décennies suivantes, les pêcheurs commencent aussi à chasser les baleines près des côtes du Labrador et à s’installer temporairement sur les rives du continent pour saler et sécher la morue afin d’en ramener davantage en Europe.

Source : Don de David Ross McCord, Lot de perles (vers 1580-1630), Musée McCord. Licence : Domaine public.

Dans la deuxième moitié du 16e siècle, des centaines de navires de pêche et environ 10 000 matelots parcourent le golfe du Saint-Laurent à chaque année, multipliant les rencontres et les échanges avec les Autochtones qui occupent le territoire. Ces contacts permettent aux Autochtones d’acquérir des objets qui proviennent d’Europe. Ils se procurent notamment des perles de verre européennes pour la confection de vêtements et de bijoux, car ils apprécient leurs qualités esthétiques et leur dureté.


Les biens échangés par les Autochtones et les Européens

Source des données : Laurier Turgeon, Une histoire de la Nouvelle-France : Français et Amérindiens au XVIe siècle, Paris, Belin, 2019.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

               

Source : C. W. Jefferys, Champlain qui échange avec des Autochtones (1911), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 2837451. Licence : domaine public.


Au fil du 16e siècle, l’intensification du commerce entre certaines Premières Nations et les pêcheurs installés sur les rives du continent permet aux produits européens de pénétrer les réseaux d’échange autochtones de l’Amérique du Nord. En effet, des nations algonquiennes acquièrent ces produits pour les échanger avec d’autres groupes algonquiens ou pour les transporter jusqu’aux Grands Lacs en vue de les proposer aux Hurons-Wendats. Les Inuits parcourent aussi les côtes du Labrador pour se procurer des objets comme des pointes en fer pour leurs harpons. Même si les Autochtones et les pêcheurs européens ne parlent pas une langue commune, ils développent une manière de communiquer par des signes et des mots pour désigner les objets échangés.

Source : André Brassard-Aubin, Le Saguenay recouvert de brume à la hauteur de Tadoussac (2010), Le Monde en images. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA). 

En parallèle, les pêcheurs ramènent en Europe de plus en plus de fourrures obtenues auprès des Autochtones. Ces fourrures sont prisées par les confectionneurs de chapeaux des villes européennes, qui tentent de répondre à la demande pour ce produit de luxe qui gagne en popularité. À la fin du 16e siècle, plusieurs navires français entrent dans le golfe du Saint-Laurent avec l’intention d’acquérir des fourrures, ce qui témoigne d’une organisation de plus en plus formelle de la traite des fourrures. Cette activité économique génère davantage de profits que celle de la pêche et elle motive les Français à s’aventurer plus loin dans le fleuve Saint-Laurent. Ces derniers fréquentent Tadoussac de façon régulière, où ils acquièrent des fourrures auprès des nations algonquiennes. Peu à peu, la traite des fourrures permet aux Français de financer leurs voyages transatlantiques, dont certains ont pour objectif de s’installer sur le territoire qu’occupent les Autochtones.


Réponds aux questions suivantes.

    


Quels contacts développent les Autochtones et les explorateurs européens? Quelles conséquences économiques, sociales et politiques desdits contacts?

La terre d'Hochelaga en Nouvelle-France vers 1535

A : Porte de la terre d'Hochelaga. B : Rue principale vers la place du village. C : Place du village. D : Maison du roi. E : Cour de la maison du roi et feu. [...] : Palissade. [...] R : Autochtones à la rencontre des Français à l'extérieur du village.

Source : Giacomo Gastaldi, La terra de Hochelaga nella Nova Francia (1606), McMaster University Library. Licence : domaine public.

Au 16e siècle, la couronne française multiplie les voyages pour explorer le nord-est de l’Amérique, pour acquérir des connaissances sur le territoire et pour établir des relations avec les Autochtones. Les explorateurs français s’appuient sur les relations entre les pêcheurs européens et les nations autochtones pour s’insérer dans les réseaux économiques et diplomatiques du continent américain.

Source : Auteur inconnu, Conquête du Mexique par Cortés (17e siècle), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.

À la même époque, d’autres royaumes européens poursuivent la colonisation de plusieurs régions de l’Amérique. L’exploration de ces territoires par les Européens et le contact avec les populations autochtones qui y habitent se déroulent de différentes manières. Par exemple, les Espagnols découvrent des richesses en Amérique centrale et en Amérique du Sud, ce qui les pousse à conquérir militairement les civilisations comme les Aztèques, les Mayas et les Incas.


Réponds aux questions suivantes.

    

Écoute d'une vidéo



Question 1 - Déterminer des causes et des conséquences

Lis la banque d'éléments. Tu y trouveras 3 éléments reliés aux échanges entre pêcheurs et Autochtones et 3 éléments reliés aux échanges entre marchands de fourrure et Autochtones.

Place-les en ordre de telle sorte que la cause soit avant son effet.

    Banque d'éléments
  1. Des pêcheurs normands, bretons et basques font de longs voyages pour explorer un poisson recherché par les Européens.
  2. Les Innus et les Mi’gmaqs commencent à se procurer des objets d’origine européenne.
  3. Les Autochtones échangent de plus en plus de fourrures aux Européens contre des outils en fer, des armes et des chaudrons de cuivre.
  4. Les Français établissent un poste de traite permanent à Tadoussac en 1600.
  5. La nouvelle de la découverte de bancs de morue au large de Terre-Neuve par l'explorateur Jean Cabot se répand en Europe.
  6. La roi de France accorde des monopoles à des marchands et des explorateurs pour faire le commerce des fourrures.


Cahier de traces

2.1. Les explorations et les premières tentatives de colonisation


Lorsque les Français reviennent dans la vallée du Saint-Laurent au début du 17e siècle, les Iroquoiens du Saint-Laurent qu’ils y ont rencontrés 60 ans plus tôt n’y sont plus. Les historiens et les archéologues pensent qu’ils auraient migré vers les Grands Lacs pour rejoindre d’autres nations iroquoiennes. On suppose que cette migration s’est avérée nécessaire à la suite de nombreux décès causés par des guerres entre nations, mais aussi en raison du choc microbien.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Réponds aux questions suivantes.

   

2.2 Le projet de colonie et l'alliance franco-amérindienne de 1603

Tentatives de colonisation par la France aux 16e et 17e siècles

Les points noirs représentent les sites des premières colonies : Charlesbourg-Royal (1541), Tadoussac (1600), Ile Sainte-Croix (1604), Port-Royal (1605), Ile de Sable (1598)

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

À partir des années 1580, les fourrures que les pêcheurs européens acquièrent en Amérique du Nord sont de plus en plus prisées en Europe. La couronne française accorde d’ailleurs des monopoles à des marchands et des explorateurs pour faire la traite des fourrures ainsi que pour continuer l’exploration du territoire en quête de richesses. En plus d’être une entreprise commerciale, la traite des fourrures vient également avec l’obligation d’établir des colons. Les diverses tentatives de colonisation du nord-est de l’Amérique menées par les Français au tournant du 17e siècle sont donc principalement financées par l’entremise du commerce des fourrures avec les Autochtones.

Source de la photo : TCY, Poste de traite Chauvin - Réplique du premier bâtiment (2007), Wikimedia Commons. Licence : Creative Commons (BY-SA).

En 1600, les Français établissent notamment un poste de traite à Tadoussac, un lieu d’échanges fréquemment utilisé par plusieurs nations algonquiennes pour faire du troc entre elles. En établissant ce poste de traite, les Français veulent notamment entretenir leurs relations commerciales avec les Innus et s’insérer dans leurs réseaux d’échange. En effet, cette nation algonquienne joue un rôle important dans le commerce des fourrures. Elle fait aussi office d’intermédiaire avec les autres nations algonquiennes qui occupent la vallée du Saint-Laurent et qui font du commerce avec certaines nations iroquoiennes des Grands Lacs.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Les Français cherchent également à nouer des relations politiques pour intensifier l’occupation du territoire en créant des établissements permanents et en y installant de plus en plus de colons. En 1603, des représentants de la couronne française concluent une alliance avec certaines nations algonquiennes représentées par le chef innu Anadabijou.

Source : Léonce Cuvelier, Reconstitution de l'habitation de Champlain (1940), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P551,D2,P37. Licence : domaine public.

Dans ce contexte, deux perspectives s’opposent. Aux yeux des Français, cette alliance leur donne la légitimité de s’installer sur une partie du territoire des Autochtones en échange d’un soutien militaire dans leurs conflits. Selon la perspective autochtone, les Français ont surestimé l'importance de la rencontre de 1603. Cette entente ne leur aurait pas permis d’occuper le territoire autochtone.


Malgré ces perspectives opposées, Samuel de Champlain s’appuie sur l’alliance franco-amérindienne de 1603 pour justifier l’occupation française du territoire autochtone. En 1608, Champlain fonde Québec, le premier établissement permanent des Français dans la vallée du Saint-Laurent.

  

Cahier de traces


3. Révision


Écoute d'une vidéo

 

Révision du chapitre "Les premiers contacts entre les Autochtones et les Européens".



Question 3 - Dégager des différences et des similitudes

Les documents 1 et 2 présentent les points de vue des Français et des Innus face à l’établissement d’une habitation sur le site de Uepishtikuiau. Détermine une différence entre ces points de vue.


Les documents

Interprétation des documents écrits par Samuel de Champlain

« Au début du 17e siècle, [...] l’intérêt grandissant pour le commerce des fourrures dans [la vallée du Saint-Laurent] conduira Champlain à construire une habitation à Québec, en 1608. L’alliance de 1603 permettait aux Français de s’installer dans ce secteur sans rencontrer l’opposition des populations [autochtones]. »

Source : Alain Beaulieu, « La naissance de l’alliance franco-amérindienne », dans Raymonde Litalien et Denis Vaugeois (dirs.), Champlain, la naissance de l’Amérique française, Sillery, Septentrion, 2004.

Témoignages issus de la tradition orale innue

Mathieu Menikapu : « Le chef français arrivait de l'est quand il demanda aux Innus de lui donner Uepishtikuiau [site de l'actuelle ville de Québec]. Mais ceux-ci ne le lui ont pas donné. C'est lorsqu'il le leur a demandé une deuxième fois qu'ils le lui ont remis."

Source : Sylvie Vincent, « Compatibilité apparente, incompatibilité réelle des versions autochtones et occidentales de l'histoire : L'exemple innu », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 32, no. 2, 2002, p. 101.

Témoignages issus de la tradition orale innue

Jean-Baptiste Bellefleur : « [Au début, les Français n'ont cultivé qu'un petit lopin de terre.] Les premiers temps, leur jardin n'était pas bien grand, ils ne semaient pas beaucoup. [...] Puis, tandis que les Innus n'étaient pas là, tandis qu'ils étaient partis dans l'arrière-pays, [...] ils ont dû agrandir la terre sur laquelle ils feraient pousser leur blé. [...] C'est avec leur agriculture qu'ils ont dû réussir à repousser les Innus, ils ont dû élargir leur clôture en fonction de ce qu'ils faisaient pousser. Ils ont dû l'agrandir de plus en plus et les Innus, eux, ont dû finir par quitter leur terre. »

Source : Sylvie Vincent, « Compatibilité apparente, incompatibilité réelle des versions autochtones et occidentales de l'histoire : L'exemple innu », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 32, no. 2, 2002, p. 101.

Tab content 4

Tab content 5

Cahier de traces

Question 4 - Se situer dans l'espace

Situe les tentatives de colonisation de la France sur la carte ci-dessous.


Les documents

Cahier de traces