La diplomatie et la guerre en Nouvelle-France
Site: | ENA.RECITFAD.COM |
Cours: | HIG-4101 Histoire du Québec et du Canada, des origines à 1608 |
Livre: | La diplomatie et la guerre en Nouvelle-France |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | mercredi, 15 janvier 2025, 13:39 |
1. Introduction
Consignes pour ce module
Tout au long de ce chapitre, tu devras lire des textes, consulter des vidéos et répondre à des questions interactives.
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Source : Auteur inconnu, Québec. Ville de l'Amérique septentrionale dans la Nouvelle France [...] Assiégée par les Anglais sur les Français par qui elle est encore possédée en l’an 1670 (1694, copie de 1760), Bibliothèque et Archives Canada, 4137596. Licence : domaine public.
L’établissement et l’expansion de la colonie française ainsi que le développement de la traite des fourrures entrainent des conflits entre les différents acteurs du continent. Les Français prennent notamment part aux rivalités entre les nations autochtones qui s’intensifient au 17e siècle. En parallèle, la France et la Grande-Bretagne se disputent également des portions du territoire colonisé. Au 18e siècle, ces deux royaumes s’engagent dans plusieurs guerres en Europe et dans les colonies en Amérique du Nord, dont la guerre de la Conquête qui permet à la Grande-Bretagne de conquérir la Nouvelle-France.
Dans ce module, nous verrons les 3 opérations intellectuelles suivantes: se situer dans l'espace et dans le temps, déterminer des causes et des conséquences et établir des liens de causalité.
Opérations intellectuelles
Dans un 1er temps, écoute les 3 vidéos suivantes. Informe ton enseignant.e lorsque tu auras terminé. Il-Elle prendra le temps de t'enseigner chacune d'elle en utilisant du matériel complémentaire que tu retrouveras sur le site Pédago Mosaîque.
Établir des liens de causalité
Cette vidéo accompagne le cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada de 4ᵉ secondaire. Elle traite de l'opération intellectuelle « établir des liens de causalité » et aborde la deuxième phase d'industrialisation.
Établir des liens de causalité, c’est montrer un enchainement logique qui existe entre des faits. Par exemple, c’est quand la conséquence d’un événement devient la cause d’un autre événement. Cette succession de causes et de conséquences, c’est ce qu’on appelle un lien de causalité.
Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca
Situer dans le temps et l'espace
Cette vidéo accompagne le cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada de 4e secondaire. Elle traite de l'opération intellectuelle « situer dans le temps » et aborde la second soulèvement des Métis menés par Louis Riel.
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Déterminer des causes
Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.
Déterminer des causes, c’est trouver pourquoi un événement s’est produit. Un bon indice, quand on recherche une cause, est de se souvenir qu’elle se situe toujours avant l’événement dans la chronologie.
Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca
2. Les relations politiques avec les Premières Nations
Déterminer des causes et des conséquences des conflits entre des nations autochtones ou entre des Premières Nations et la Nouvelle-France.
Avant l’arrivée des Européens en Amérique, les Premières Nations forment des alliances et participent à des guerres pour honorer leurs morts, faire des prisonniers ou défendre leur territoire. En plus de représenter un avantage sur le plan militaire, les alliances permettent aux nations autochtones de former des réseaux économiques et culturels qui assurent leur prospérité. Au moment où les Français s'établissent dans la vallée du Saint-Laurent, des rivalités existent depuis plusieurs décennies entre les Hurons-Wendats et les Iroquois.
Source : Artiste inconnu, Vue de Québec depuis le rassemblement d’Autochtones sur la rive de Lévis (vers 1830), Bibliothèque et Archives Canada, 2898543. Licence : domaine public.
2.1 Les alliances des Premières Nations avec les Européens
Source : John David Kelly, Champlain dans la baie Georgienne (entre 1895 et 1900), Musée McCord, M993.154.314. Licence : domaine public.
Avec l’alliance franco-amérindienne de 1603 et l’établissement de Québec en 1608, les autorités coloniales françaises comprennent qu’il est dans leur intérêt d’entretenir des rapports diplomatiques avec certaines nations autochtones. Afin de sécuriser le commerce des fourrures et d’étendre le territoire de la colonie, les Français maintiennent leurs relations avec les Innus et les Anishinabegs (Algonquins), puis ils forgent de nouvelles alliances avec les Hurons-Wendats de la région des Grands Lacs.
Source : Samuel de Champlain, Une escarmouche au port Fortuné (1613), Bibliothèque et Archives Canada, 3919819. Licence : domaine public.
En s’intégrant au réseau d'alliances de certaines nations autochtones, les Français prennent part aux conflits qui opposent ces nations à d’autres peuples autochtones. Par exemple, Samuel de Champlain et ses troupes se battent contre les Iroquois à trois reprises aux côtés des Innus, des Anishinabegs et des Hurons-Wendats.
Les Français s’engagent aussi dans les conflits des Premières Nations en se donnant le rôle de médiateur entre les peuples autochtones rivaux. Les gouverneurs de la Nouvelle-France tentent d'utiliser cette position d’intermédiaire pour accroitre l’influence diplomatique des Français en Amérique et pour s’assurer que la résolution des conflits convient aux intérêts de la métropole.
Source : Marc Laberge et François Girard, Les Français entretiennent des relations diplomatiques avec les Premières Nations (2010), Vidéanthrop. Licence : utilisation permise en contexte éducatif seulement et avec mention de la source originale « Vidéanthrop ».
Les Premières Nations qui s'allient aux Français cherchent principalement à renforcer les relations économiques qui leur permettent d’accéder aux produits européens. Les alliances peuvent aussi avantager ces nations sur le plan militaire, car celles-ci peuvent obtenir plus facilement des armes à feu et même du soutien de la part des soldats français. Ce sont des objectifs similaires qui incitent les Iroquois à conclure des alliances avec les Britanniques qui s'établissent sur la côte est de l’Amérique du Nord au 17e siècle.
Source : William Faden, Des Britanniques font des échanges avec un membre des Premières Nations (1777), Library of Congress, 2004670239 Licence : domaine public.
2.2 Les guerres iroquoises
Malgré la politique d’alliance et de médiation des Français, l’expansion de la Nouvelle-France demeure tributaire de la diplomatie autochtone. En effet, les rivalités entre les Hurons-Wendats et les Iroquois se poursuivent après l’arrivée des Français et elles influencent le développement de la colonie. Ces guerres iroquoises vont même s’intensifier en raison du commerce des fourrures, car les Iroquois perçoivent les alliances entre les Français et les Hurons-Wendats comme une menace à leur propre réseau commercial. En effet, les Iroquois veulent préserver leurs relations économiques avec les Hollandais et les Britanniques afin de maintenir leur source d’approvisionnement en produits européens.
Source : William Ludwell Sheppard, Marchands hollandais à Manhattan (1876), The New York Public Library, 33333159301643. Licence : domaine public.
Les guerres iroquoises entrainent des conséquences sur les populations autochtones, comme en témoigne la série d’attaques menées par les Iroquois qui détruisent la Huronie entre 1648 et 1650. Menacés par les épidémies et les guerres, les Hurons-Wendats abandonnent leurs villages et se dispersent au sein des groupes pétuns et iroquois ou près des villes françaises. La dispersion des Hurons-Wendats permet aux Iroquois de faire obstacle à l’influence politique des Français dans la région des Grands Lacs. Dans la deuxième moitié du 17e siècle, les tensions s’accentuent entre les Iroquois et les Français qui ne peuvent plus compter sur leurs alliés de la Huronie. De nombreux villages, qu’ils soient iroquois ou français, vivent dans une crainte constante d’attaques qui visent la destruction des habitations et des récoltes.
Source : John Henry Walker, Bataille entre Autochtones (entre 1850 et 1885), Musée McCord, M930.50.2.16. Licence : domaine public.
Après la dislocation de la Huronie, les Iroquois multiplient leurs expéditions guerrières dans la vallée du Saint-Laurent, ce qui nuit au commerce des fourrures, à la sécurité des colons et au recrutement des engagés en France. Afin de renforcer la position militaire de la Nouvelle-France, la couronne française y envoie plus de 1 100 soldats du régiment Carignan-Salières en 1665. Ce régiment amorce la construction de plusieurs forts dans la colonie et il lance des offensives en territoire autochtone, où les soldats français incendient des villages iroquois. Néanmoins, le régiment Carignan-Salières ne réussit pas à mettre fin aux pressions militaires qu’exercent les Iroquois sur la colonie, comme en témoigne leur attaque contre les colons français de Lachine en 1689.
Source : A. d' Auriac, Régiment de Carignan-Salières, 1665 (1932), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S5,PAQ33. Licence : domaine public.
Source : Jacques Grasset de Saint-Sauveur, Guerrier iroquois (1796), Archives de la Ville de Montréal, CA M001 BM005-3-D18-P058. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source : Auteur inconnu, Collier de wampum (entre 1650 et 1780), Musée McCord, M1905. Licence : domaine public.
1.3 La grande paix de Montréal de 1701
Malgré plusieurs tentatives de paix, les guerres iroquoises reprennent constamment jusqu’à la fin du 17e siècle. Les Iroquois subissent toutefois un revers important après le traité de Ryswick de 1697, car ils reçoivent moins d’armes à feu de leurs alliés britanniques qui doivent faire preuve de neutralité en vertu de ce traité. Dans ce contexte, certains Iroquois qui veulent résoudre le conflit de façon diplomatique deviennent de plus en plus influents au sein de leur confédération. Du côté des Français, la possibilité d’une paix dans la région des Grands Lacs représente une occasion de stabiliser le commerce des fourrures et de sécuriser l'exploration du territoire.
Source : Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, Kondiaronk, chef huron (1907), Musée de la civilisation, Collection du Séminaire de Québec, 1993.15679. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Dès 1697, les Iroquois ainsi que les Français et leurs alliés autochtones veulent mettre fin une fois pour toutes au conflit, mais leurs intérêts respectifs sont difficilement conciliables. Durant quatre ans, ces groupes rivaux doivent donc négocier ensemble afin d’établir les bases d’une paix durable. Plusieurs négociations se déroulent à l’initiative du chef huron-pétun Kondiaronk, qui parcourt un vaste territoire pour rallier les Premières Nations au projet de paix.
Source : Marc Laberge et François Girard, Cérémonie de la signature du traité de la Grande Paix de Montréal en 1701 (2010), Videanthrop. Licence : utilisation permise en contexte éducatif seulement et avec mention de la source originale « Vidéanthrop ».
En 1701, plus d’un millier de délégués autochtones se rendent à Montréal afin d’achever les négociations et de sceller la paix. Durant deux semaines, les Français et les Premières Nations finalisent leurs négociations dans un contexte de tensions diplomatiques. Ces tensions découlent en partie d’une épidémie qui décime certaines délégations autochtones. Malgré les tensions, le chef huron-pétun Kondiaronk compte sur ses talents d’orateur pour prononcer un discours qui réussit à convaincre l’ensemble des délégations de conclure une paix. Atteint par la maladie, Kondiaronk meurt avant la signature finale de la paix dont il est l’un des principaux artisans.
Le 4 août 1701, la Grande Paix de Montréal est signée par les Français et près de quarante nations autochtones, incluant les Anishinabegs, les Innus, les Abénakis et les Iroquois. Cette alliance marque le début d’une paix relative entre les Premières Nations de la région des Grands Lacs tout en s'inscrivant en continuité avec la politique de médiation des Français dans le nord-est de l’Amérique.
Source : Marc Laberge et François Girard, Cérémonie de la signature du traité de la Grande Paix de Montréal en 1701 (2010), Videanthrop. Licence : utilisation permise en contexte éducatif seulement et avec mention de la source originale « Vidéanthrop ».
Réponds aux questions suivantes.
Cahier de traces
3. Les conflits européens et les rivalités coloniales
Caractériser et interpréter les conflits européens et les rivalités coloniales qui mènent à la guerre de la Conquête.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Les 17e et 18e siècles sont marqués par d’importantes tensions entre les différents royaumes européens qui cherchent à étendre leur territoire pour accroitre leur prestige et leur puissance. Cette volonté d’expansion territoriale se manifeste en Europe comme dans les Amériques, où la France et la Grande-Bretagne établissent des colonies. Lorsque les tensions entre les puissances européennes se transforment en guerres, les colonies sont également en guerre puisqu'elles sont dépendantes de leur métropole au plan politique.
À l’issue des guerres qui se déroulent simultanément en Europe et en Amérique, les colonies ont peu de contrôle sur la négociation des traités de paix. En effet, ce sont les métropoles qui négocient et qui signent ces traités, ce qui leur permet de décider du sort des territoires coloniaux sans consulter les dirigeants de la colonie. Par exemple, le traité d'Utrecht qui met fin à la guerre de Succession d’Espagne en 1713 force la Nouvelle-France à céder des territoires comme Terre-Neuve, l’Acadie et la Baie d’Hudson à la Grande-Bretagne.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Les conflits entre les métropoles d’Europe engendrent des guerres entre les colonies d’Amérique. Cela dit, les guerres intercoloniales dépendent aussi des rivalités entre la Nouvelle-France et les Treize colonies. Ces rivalités découlent entre autres de l’occupation du territoire. Par exemple, l’emprise politique et commerciale qu'exercent les Français sur la région des Grands Lacs et la vallée de l’Ohio limite l’expansion des Treize colonies. Les colonies britanniques convoitent ces territoires pour continuer à s’étendre vers l’ouest en fournissant des terres aux colons dont le nombre augmente rapidement. En effet, la population des Treize colonies passe de 111 935 à 1 593 625 personnes entre 1670 et 1760.
L’intensification des guerres intercoloniales conduit la Nouvelle-France et les Treize colonies à utiliser différentes stratégies pour se défendre l’une de l’autre ou pour engager le combat. Par exemple, la colonie française compte sur les armes à feu comme le mousquet et sur les soldats de métier en provenance de la métropole. Le gouvernement royal constitue aussi des milices composées d’habitants de la Nouvelle-France. Ces miliciens ne sont pas des soldats professionnels, mais plutôt des fermiers ou des artisans que l’on mobilise pour la guerre de façon temporaire. Malgré leur manque d’entrainement, les miliciens maitrisent certaines tactiques de guerre autochtones comme les raids, ce qui peut procurer un avantage militaire aux Français face aux Britanniques.
Source des données : Jay Cassel, « The Militia Legend: Canadians at War, 1665-1760 », dans Yves Tremblay (dir.), L’histoire militaire canadienne depuis le XVIIe siècle, Ottawa, Ministère de la Défense nationale, 2001, p. 63.
Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Afin de protéger la Nouvelle-France des incursions anglaises, les dirigeants de la colonie française ordonnent la construction de forts à différents lieux clés sur le territoire. Ces fortifications sont dispendieuses, mais elles permettent de freiner les attaques ennemies. De plus, les forts servent de lieux d’échanges commerciaux avec les communautés autochtones à proximité. Les Britanniques perçoivent les fortifications françaises comme une menace pour leur commerce avec les Premières Nations et pour la sécurité des établissements anglais. Au 18e siècle, les tensions s’accentuent dans les régions frontalières entre la Nouvelle-France et les Treize colonies, où les colons français et britanniques sont de plus en plus victimes d’attaques.
Source : John Henry Walker, Évacuation du fort Duquesne en 1758 (entre 1877 et 1879), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0002729372. Licence : domaine public.
Réponds aux questions suivantes.
Cahier de traces
4. La guerre de la conquête (1754-1760)
Mettre en relation la guerre de la Conquête et le contexte européen et décrire des évènements marquants de cette guerre coloniale.
Au 18e siècle, les autorités coloniales françaises et britanniques convoitent la vallée de l'Ohio qui se situe au sud du lac Érié. Cette vallée représente un territoire occupé par les Premières Nations de même qu’une région frontalière entre la Nouvelle-France et les Treize colonies. Les Français s’établissent dans la vallée de l’Ohio pour la traite des fourrures en construisant des comptoirs commerciaux parfois dotés de fortifications. Malgré cette présence française, les Britanniques fondent la compagnie de l’Ohio en 1747 pour amorcer le peuplement et l’exploitation de la vallée.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Au début des années 1750, les Français multiplient leurs expéditions militaires pour repousser les colons britanniques de la vallée de l’Ohio. En 1754, le gouverneur de la Virginie envoie une milice menée par George Washington pour attaquer les troupes françaises menée par le sieur de Jumonville. Des miliciens canadiens et leurs alliés autochtones ripostent par des raids sur des forts et des villages anglais. Même si les métropoles européennes ne sont pas en guerre, les évènements de 1754 marquent le début de la guerre de la Conquête entre la Nouvelle-France et les Treize colonies.
Source : John Henry Walker, Prise du fort d’Oswego les Français en 1756 (entre 1877 et 1879), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0002729399. Licence : domaine public.
4.1 L'Europe et la guerre de Sept Ans
Les rivalités coloniales en Amérique contribuent à alimenter les hostilités entre la Grande-Bretagne et la France. Ce sont toutefois les conflits territoriaux en Europe qui plongent les royaumes européens dans une guerre ouverte. La guerre de Sept Ans éclate donc en Europe en 1756, soit deux ans après le début de la guerre de la Conquête en Amérique. Lorsque cette guerre est déclenchée, la France, la Prusse et l’Espagne s’opposent à la Grande-Bretagne, l’Autriche et l’Empire russe. En plus des affrontements en Europe et en Amérique, certaines batailles de la guerre de Sept Ans se déroulent aussi dans les colonies d’Afrique et d’Asie.
Source : G. Stettner, Bataille de Crevelt ou le Comte de Clermont est battu par les Hanovriens (1758), Bibliothèque nationale de France. Licence : domaine public.
Source : Auteur inconnu, Combat naval de Mahon dans lequel l'Escadre de France commandée par le Marquis de La Galissonière, lieutenant général des Armées navales, remporta la victoire sur celle d'Angleterre aux ordres de l'amiral Bing (1756), Bibliothèque nationale de France. Licence : domaine public.
Les empires français et britanniques agissent dans ce conflit en fonction de leurs forces et faiblesses. D’une part, les Français ont de la difficulté à vaincre les Britanniques sur les mers, ce qui les pousse à concentrer leur effort de guerre en Europe. Pour ce faire, la France s’appuie sur sa puissante armée de terre formée de près de 280 000 hommes. D’autre part, les Britanniques ont à leur disposition une armée de terre d’environ 60 000 hommes, ce qui les incite à miser sur leur imposante marine de guerre et à se concentrer sur la guerre dans les colonies.
4.2 La déportation des Acadiens
En plus des affrontements en Ohio, la guerre se manifeste sur les côtes de l’océan Atlantique en Acadie. Même si les Britanniques contrôlent l’Acadie depuis le traité d’Utrecht de 1713, cette région est majoritairement peuplée par des colons d’origine française que l’on nomme les Acadiens. Durant les guerres intercoloniales, les Acadiens cherchent à rester neutre, ce qui ne convient pas aux autorités britanniques qui craignent un soulèvement des Acadiens en soutien à la colonie française.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
En 1755, les Acadiens refusent à nouveau de soutenir les Britanniques en refusant de prêter allégeance au roi de Grande-Bretagne. La résistance des Acadiens ne convient pas aux Britanniques, qui décident d’incendier leurs villages et leurs champs en plus d’amorcer leur déportation vers les Treize colonies, les Antilles et l’Europe.
Source : Thomas Davies, Vue sur le pillage et le bombardement de Grimross (1758), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.
Source : Charles William Jefferys, Lecture de l'ordonnance d'expulsion des Acadiens dans l'église de Parish à Grand Pré en 1755 (1920), Bibliothèque et Archives Canada, 2897199. Licence : domaine public.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Entre 1755 et 1760, les Britanniques déportent plus de 10 000 Acadiens, ce qui conduit à la mort de milliers de personnes en raison des maladies et des famines qui surviennent lors de leur transport en bateau. Certains Acadiens réussissent à s’échapper en se réfugiant chez les Mi’gmaqs ou dans la vallée du Saint-Laurent. D’autres s’installent dans l’actuel territoire du Nouveau-Brunswick, alors sous influence française. Peu de temps après l’expulsion des Acadiens, des colons anglais s’installent dans l’ancienne Acadie pour y cultiver les terres maintenant vacantes.
Source : Samuel Blodget, Une vue de la bataille du Lac Georges, le 8 septembre 1755, opposant les Français aux Britanniques et aux Mohawks (1768), Norman B. Leventhal Map & Education Center, Boston Public Library, 06_01_008537. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
4.3 La prise de Louisbourg et les avancées britanniques
Entre 1754 et 1758, les Français prennent plusieurs forts britanniques dans la vallée de l’Ohio et ils empêchent les Britanniques d'accéder aux Grands Lacs et à la vallée du Saint-Laurent. Durant ces quatre années, la Nouvelle-France dispose de troupes mieux organisées que celles des Treize colonies et elle entretient un vaste réseau d’alliances avec différentes Premières Nations. Cela dit, les Treize colonies détiennent une population beaucoup plus importante et un plus grand soutien de leur métropole qui dispose d’une imposante marine de guerre. Les Britanniques bénéficient aussi du soutien de leurs alliés iroquois lors de plusieurs batailles.
Source : Hervey Smith et William Elliot, Vue de la chute de Montmorency et de l'attaque des retranchements françois près de Beauport par le Général Wolfe [...] le 31 juillet 1759 (1760), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0004518192. Licence : domaine public.
À la fin des années 1750, les Britanniques mobilisent leur marine de guerre pour mettre en place un blocus maritime. Ce blocus vise à limiter la circulation des navires français, ce qui prive la Nouvelle-France de renforts et de marchandises en provenance de la métropole. La flotte britannique contribue également au siège de la forteresse de Louisbourg, un point stratégique qui permet aux Français de contrôler l’accès à la vallée du Saint-Laurent. Après plusieurs semaines de siège, les troupes britanniques s'emparent de la forteresse en juillet 1758. La prise de Louisbourg représente un tournant dans la guerre de la Conquête.
Source : Hervey Smith et William Elliot, Vue de la chute de Montmorency et de l'attaque des retranchements françois près de Beauport par le Général Wolfe [...] le 31 juillet 1759 (1760), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0004518192. Licence : domaine public.
La prise de Louisbourg permet aux Britanniques d'entamer leurs avancées dans la vallée du Saint-Laurent. Après la fonte des glaces au printemps 1759, une flotte britannique formée de 200 navires avance rapidement sur le fleuve Saint-Laurent. La flotte atteint la région de Québec à la fin du mois de juin 1759. Face à la progression des Britanniques, les autorités françaises donnent l’ordre d’évacuer environ 3 000 familles des paroisses en aval de Québec. De nombreuses familles se réfugient dans les forêts environnantes alors que d’autres refusent d’obéir. Au sein de certaines paroisses, les habitants prennent les armes pour résister aux Britanniques, parfois avec le soutien des miliciens et de leurs alliés autochtones.
4.4 Le siège de Québec et la bataille des Plaines d'Abraham
À la fin du mois de juin 1759, les troupes du général britannique Wolfe s’installent dans les campagnes à proximité de Québec. Les Britanniques sont toutefois incapables de lancer un assaut direct sur la ville fortifiée, ce qui les conduit à bombarder Québec et ses habitants de façon quotidienne. Espérant faire sortir les troupes françaises de la ville, Wolfe fait bruler les récoltes et les villages à proximité. Malgré les stratégies des Britanniques, les Français sous le commandement du général Louis-Joseph de Montcalm décident de maintenir leur position pour défendre la ville de Québec.
Source : Joseph F. W. Des Barres, Plan de Québec et des environs montrant les défenses françaises et les opérations britanniques en 1759 (1779), Norman B. Leventhal Map & Education Center, Boston Public Library, 06_01_004953. Licence : domaine public.
Source : Joseph F. W. Des Barres, Plan de Québec et des environs montrant les défenses françaises et les opérations britanniques en 1759 (1779), Norman B. Leventhal Map & Education Center, Boston Public Library, 06_01_004953. Licence : domaine public.
Source : Hervey Smith et Peter Benazech, Vue de la ville de Québec, capitale du Canada (1760), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0004518199. Licence : domaine public.
Le siège de Québec se prolonge durant tout l’été de 1759, mais les Français résistent aux attaques des Britanniques. Au mois de septembre, la situation est critique tant pour les assaillants que pour les assiégés. Du côté français, la nourriture commence à manquer et le moral des troupes du général Montcalm en souffre. Du côté anglais, c’est l’arrivée de l’hiver qui préoccupe le général Wolfe. Celui-ci sait bien qu’il doit lever le siège de la ville avant que les glaces recouvrent le fleuve et que la famine frappe les soldats britanniques, mal préparés à affronter l’hiver en terrain hostile.
Source : Auteur inconnu, Vue de la prise de Québec le 13 septembre 1759, selon une esquisse d'Hervey Smith (1797), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.
Le 13 septembre 1759, les troupes britanniques tentent une ultime tentative afin de prendre la ville. Le général Wolfe envoie alors environ 4 500 soldats gravir la falaise de l’Anse au Foulon durant la nuit pour atteindre les plaines d’Abraham. Alerté de cette attaque surprise, le général Montcalm déploie alors environ 4 000 combattants, parmi lesquels comptent près 2000 miliciens canadiens et guerriers autochtones. On retrouve parmi les alliés autochtones des Iroquois des villages domiciliés, des Hurons-Wendats, des Abénaquis, des Mi’gmaqs, des Wolastoqiyik et même des peuples venus des Prairies.
Source : Balthazar Friedrich Leizelt, Vue de Québec (1776), Bibliothèque nationale de France. Licence : domaine public.
La bataille des Plaines d’Abraham se déroule rapidement et les hostilités du 13 septembre prennent fin vers midi. Cette bataille fait des centaines de victimes dans les deux camps, dont le général Wolfe tué sur place et le général Montcalm, gravement blessé, qui meurt le lendemain. La victoire des Britanniques sur les Plaines d’Abraham force les Français à capituler, la ville de Québec étant désormais sous occupation anglaise.
Source : George Bryant Campion, Représentation de la bataille de Sainte-Foy, le 28 avril 1760 (vers 1850), Bibliothèque et Archives Canada, 2895954. Licence : domaine public.
4.5 La bataille de Sainte-Foy et la fin de la guerre
Durant l’hiver 1759, les Britanniques occupent Québec et ses environs, mais les Français contrôlent toujours Montréal et ils préparent leur riposte. Des soldats français, des miliciens canadiens et leurs alliés autochtones lancent une attaque sur Québec en avril 1760. Les troupes britanniques cherchent alors à intercepter les troupes françaises à la hauteur de Sainte-Foy, à proximité de Québec. La bataille de Sainte-Foy tourne rapidement à l'avantage des Français, ce qui contraint les Britanniques à se replier derrière les murs de Québec.
Source : Adam Sheriff Scott, L’arrivée des soldats britanniques à Montréal, 1760 (1928), Bibliothèque et Archives Canada, 202202. Licence : domaine public.
Malgré la victoire des Français à Sainte-Foy, ceux-ci doivent abandonner leur tentative de reprendre Québec, car des navires britanniques arrivent peu de temps après. Les Britanniques remontent alors le Saint-Laurent vers Montréal et contraignent les Français à rendre les armes en septembre 1760, ce qui met fin à la guerre de la Conquête. Après la capitulation de Montréal, la vallée du Saint-Laurent en entier est sous occupation anglaise, mais il faut attendre la fin de la guerre de Sept Ans en Europe en 1763 pour connaitre le sort de la Nouvelle-France.
Réponds aux questions suivantes.
Cahier de traces
5. Révision
Écoute d'une vidéo
Révision du chapitre "Le peuplement de l'Amérique du Nord et les explorations européennes".
Question 4 - Établir des liens de causalité
À partir des documents 1 à 3, explique comment les Premières Nations et les Français établissent une paix en 1701.
Les documents
Texte d’un historien
« Aussi Callière dépêcha-t-il deux ambassadeurs [...] pour préparer à l’ouest le rendez-vous de 1701. La mission des deux hommes [est de visiter] “toutes les nations [de la région des Grands Lacs]” pour [...] convaincre les chefs alliés de se rendre à Montréal [...], accompagnés de tous leurs captifs iroquois, en vue d’un échange général des prisonniers [...].
Parallèlement à cette mission diplomatique française, Kondiaronk* et Koutaoiliboe**[...], menèrent eux aussi une politique soutenue et d’ailleurs beaucoup plus décisive pour engager les différentes nations de l’alliance à venir pactiser avec les Iroquois à Montréal. »
*Kondiaronk : chef très influent de la nation Hurons-Pétuns
** Koutaoiliboe : chef de la nation des Outaouais
Source : Gilles Havard, La Grande Paix de Montréal de 1701. Les voies de la diplomatie franco-amérindienne, Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 1992, p. 118.
« Après ces discours, on apporta au chevalier de Callière un grand calumet [...] qu’il fuma. Ce calumet lui avait été remis par le chef des Miamis, Chichicatalo, l’un des personnages les plus influents des Pays-d’en-Haut. [...] On porta ensuite le calumet aux Iroquois et aux députés de tous nos alliés, qui à tour de rôle firent de même. Enfin tous les ambassadeurs présents apposèrent leurs marques respectives au bas du traité : un orignal, un castor, un ours, un chevreuil ou d’autres animaux. »
Source du texte : Bacqueville de La Potherie, Histoire de l’Amérique septentrionale (1753), dans A. Beaulieu et R. Viau, La Grande Paix. Chronique d’une saga diplomatique, Montréal, Libre Expression, 2001, p. 103.
Source de l’image : Ratification de la paix conclue entre les Français, leurs alliés (1701), Bibliothèque et Archives Canada, 3050235, folios 43, 43v et 44. Licence : domaine public.
Texte du gouvernement du Canada
« Les raids des nations des Grands Lacs, ainsi que des épidémies désastreuses, réduisent la population iroquoise de moitié entre 1689 et 1697. En outre, lorsque le traité de Ryswick met fin à la guerre entre les Français et les Britanniques en 1697, les Iroquois perdent l’appui de leurs alliés britanniques dans leur guerre contre la Nouvelle-France. »
Source : P. Whitney Lackenbauer, John Moses, R. Scott Sheffield et Maxime Gohier, Les Autochtones et l'expérience militaire canadienne : une histoire, Ottawa, Ministère de la défense nationale, 2010, p. 34.
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Question 5 - Déterminer des causes et des conséquences
À partir des documents 4 et 5, indique une conséquence territoriale et une conséquence économique de la guerre de Succession d’Espagne sur la Nouvelle-France.
Les documents
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Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
« Les dépenses [militaires] faites en [Nouvelle-France] en 1709 [...] se chiffrent par 184 000 livres* . [...] En raison de l'intensité qui peut marquer les opérations militaires en 1711 [...] [l'intendant] Raudot demande d'inscrire au budget [de guerre et de fortifications] 148 000 livres. Il y a ensuite les frais ordinaires de l'administration : la [paie] des troupes, [la paie] des officiers supérieurs, etc. [En 1711], pour assurer la défense du pays [...], l'intendant demande [donc] un peu plus de 560 000 livres. »
*Livres : Monnaie de la France à cette époque.
Source : Guy Frégault, « Essai sur les finances canadiennes (1700-1750) », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 39, no 2, 1968, p. 319, en ligne sur erudit.org
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Question 6 - Situer dans le temps et dans l’espace
Les documents 6, 7 et 8 font référence à des évènements liés à la guerre de la Conquête. Place-les en ordre chronologique.
Le document
Source : Hervey Smyth, Vue de la prise de Québec, le 13 septembre 1759 (1797), Bibliothèque du Ministère de la défense nationale via Wikimedia Commons. Licence : image du domaine public.
Malgré la victoire des Français à Sainte-Foy, ceux-ci doivent abandonner leur tentative de reprendre Québec, car des navires britanniques arrivent peu de temps après. Les Britanniques remontent alors le Saint-Laurent vers Montréal et contraignent les Français à rendre les armes en septembre 1760, ce qui met fin à la guerre de la Conquête.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source : Auteur inconnu, Prise de Louisbourg par les Britanniques [...], Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0002724411. Licence : domaine public.
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