Le régime seigneurial et la population coloniale

Site: ENA.RECITFAD.COM
Cours: HIG-4101 Histoire du Québec et du Canada, des origines à 1608
Livre: Le régime seigneurial et la population coloniale
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: mercredi, 15 janvier 2025, 13:39

1. Introduction


Consignes pour ce module

 

Tout au long de ce chapitre, tu devras lire des textes, consulter des vidéos et répondre à des questions interactives.

Lorsque tu voudras passer à la page suivante, clique sur le petit rectangle gris pâle, en haut ou en bas, à droite.

Sous l’autorité de leur métropole, les autorités coloniales reproduisent graduellement les institutions françaises en Nouvelle-France, comme le régime seigneurial pour organiser le territoire. Ces autorités reproduisent aussi les institutions administratives au sein des villes de la colonie pour encadrer la politique et l’économie alors que l’Église encadre la vie sociale des colons. Toutefois, les caractéristiques géographiques et climatiques ainsi que les priorités politiques et sociales de la colonie font émerger une société coloniale qui diffère de plus en plus de la société française, bien qu’elle soit basée sur les mêmes lois et sur les mêmes groupes sociaux. Les colons, qui s'acclimatent et s'adaptent quotidiennement à leur nouvelle réalité, deviennent peu à peu des « Canadiens ».

Source : Jacques Lamontagne et Bernard Duchesne, Lopin de terre en défrichement. Licence : tous droits réservés.



 
Dans ce module, nous verrons les 3 opérations intellectuelles suivantes: déterminer des causes et des conséquences, dégager des différences et des similitudes et mettre en relation des faits.

Opérations intellectuelles


Dans un 1er temps, écoute les 3 vidéos suivantes. Informe ton enseignant.e lorsque tu auras terminé. Il-Elle prendra le temps de t'enseigner chacune d'elle en utilisant du matériel complémentaire que tu retrouveras sur le site Pédago Mosaîque.

Dégager des différences et des similitudes

Vidéo traitant de l'opération intellectuelle « Dégager des différences et des similitudes ». Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Dégager des différences et des similitudes, c’est comparer deux ou plusieurs documents pour faire ressortir ce qui est semblable entre eux ou ce qui est distinct.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Mettre en relation des faits


Cette vidéo traite de l'opération intellectuelle « Mettre en relation des faits ». Elle fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada de 1840 à nos jours.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Déterminer des causes

Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Déterminer des causes, c’est trouver pourquoi un événement s’est produit. Un bon indice, quand on recherche une cause, est de se souvenir qu’elle se situe toujours avant l’événement dans la chronologie.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

2. Le régime seigneurial


Décrire le régime de peuplement et d'exploitation du territoire sous le régime français et ses caractéristiques rurales et urbaines.

Source : Jean Baptiste Decouagne, Carte du gouvernement de Québec : levée en l'année 1709 (1709) [...], Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0000590353. Licence : domaine public.

Entre 1608 et 1760, la France compte sur le régime seigneurial pour organiser la distribution des terres aux colons qui s’installent en Nouvelle-France. Ce mode d’occupation du territoire qui provient de la métropole permet également de reproduire les divisions sociales européennes dans la colonie.


2.1 L'organisation du territoire

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Entre 1608 et 1760, la couronne française considère qu’elle est propriétaire du territoire qu’elle revendique en Amérique du Nord, et ce, malgré la présence des Autochtones qui occupent ce territoire depuis plusieurs millénaires. Pour peupler et exploiter les terres, les autorités coloniales subdivisent le territoire en vastes domaines. Elles attribuent ces domaines, appelés des seigneuries, aux membres de l’élite coloniale qui deviennent donc des seigneurs. À leur tour, les seigneurs doivent diviser leur seigneurie en censives qui seront occupées, défrichées et cultivées par des censitaires.

Source : Auteur inconnu, « Louis Hébert semant », dans Abbé Azarie Couillard Després, Louis Hébert, Premier Colon Canadien et sa Famille, Impr. de l'Institution des sourds-muets, 1918, en ligne sur Archives.org. Licence : domaine public.

La métropole instaure le régime seigneurial en Nouvelle-France dans les années 1620 en concédant les premières seigneuries, dont celle octroyée à Louis Hébert. Ce seigneur, son épouse Marie Rollet et leurs enfants représentent d’ailleurs la première famille française de la colonie, arrivée en 1617. À partir de 1627, c’est la Compagnie des Cent-Associés qui prend le relais des autorités coloniales et qui commence à concéder des seigneuries dans les villes et les campagnes de la vallée du Saint-Laurent.


En attribuant des seigneuries, la couronne française cherche à favoriser l’installation de colons et l’agrandissement de l’espace cultivable. Jusqu’à la fin du régime français en 1760, les autorités coloniales concèdent environ 250 seigneuries dans la vallée du Saint-Laurent. Le fleuve et ses affluents permettent de faciliter l’accès à l’eau et d’irriguer les sols pour l’agriculture, ce qui explique pourquoi les censives sont généralement perpendiculaires à ces cours d’eau.

Source des données : Serge Courville, Le Québec, genèse et mutation du territoire, Québec, Presses de l’Université Laval, 2000, p.115.

Source des cartes : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Réponds aux questions suivantes.

 


Source des personnages : Source : Lilymagine, Personnages de la Nouvelle-France (2022), Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Source du schéma : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

2.2 L'organisation sociale

En plus d’être un mode organisation du territoire, le régime seigneurial est un système hiérarchique qui structure les rapports sociaux en France depuis le Moyen Âge. Ce système détermine ainsi les rapports entre les seigneurs et les censitaires en Nouvelle-France. Leurs rapports prennent forment à travers les devoirs et les droits de chacun, qui traduisent des relations inégalitaires et souvent conflictuelles entre les différents groupes sociaux soumis à l’absolutisme de droit divin.



Conformément au principe de la féodalité hérité du Moyen Âge, les seigneurs doivent fidélité au roi. Les seigneurs sont généralement des membres de la noblesse ou du clergé, étant donné que ces classes sociales appartiennent à l’élite de la société française.

  • En Nouvelle-France, la noblesse ne représente qu'environ 2 % de la population de la colonie, mais, au début du 18e siècle, elle détient 1/3 du territoire seigneurial.
  • Le clergé, qui compte pour environ 1 % de la population, possède lui aussi 1/3 de la superficie concédée en seigneurie. Les profits que génèrent ces terres permettent notamment aux communautés religieuses de financer leurs œuvres pour l’éducation, les soins de santé et l’évangélisation.
  • Enfin, 1/3 de l’espace seigneurial appartient à des roturiers, des personnes qui ne font pas partie de la noblesse, mais qui sont issus de la bourgeoisie.
  • Quelques colons issus de la paysannerie sont en mesure d'acquérir une seigneurie en Nouvelle-France et ainsi d’accéder à un statut social plus élevé, ce qui aurait été beaucoup plus difficile en Europe.
  • La couronne française concède la quasi-totalité des seigneuries à des hommes, mais les femmes peuvent devenir des seigneuresses et prendre en charge l’administration de la seigneurie lors du décès de leur mari. Même si cette prise de pouvoir des femmes peut durer quelques années, elle demeure généralement temporaire puisque la seigneurie est généralement reprise par un héritier masculin ou un nouveau mari.


Source : Lilymagine, Seigneurs (2022), Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


En Nouvelle-France, les seigneurs issus du clergé vivent généralement sur leur seigneurie, comme en témoigne la contribution des Sulpiciens au développement de l’ile de Montréal. En ce qui concerne les seigneurs laïcs, seulement 25 % d’entre eux résident sur leur seigneurie. En effet, la plupart de ces seigneurs décident de s’établir dans les villes où ils font notamment carrière dans l’armée, car les revenus en provenance de leur seigneurie ne permettent pas toujours de répondre à leurs besoins. Bien que les seigneurs considèrent souvent ces revenus comme insuffisants, cela ne les empêchent pas d’exercer une pression financière sur les censitaires. Ceux-ci connaissent des conditions de vie difficiles entre autres à cause de leurs dettes envers les seigneurs.


Source : James Peachey, Montréal, vue de la montagne (1784), Bibliothèque et Archives Canada, 2898335. Licence : domaine public.


L’organisation sociale de la Nouvelle-France reproduit celle de la France, mais la vie des censitaires canadiens est tout de même différente de la vie des paysans français. Alors que les campagnes d’Europe sont pleinement occupées, ce qui laisse de plus en plus de paysans sans terres, la paysannerie canadienne dispose de son côté de nombreuses terres à défricher. Cette abondance de terres dans la vallée du Saint-Laurent permet ainsi d’éviter un appauvrissement d’une partie de la paysannerie au fil de l’accroissement de la population. Même si les paysans de la colonie sont affectés par la maladie, la famine et la surmortalité, ils le sont dans une moins grande mesure que les paysans de la métropole qui sont plus exposés aux épidémies et à la dévastation de la guerre.

Source : Jacques Lamontagne et Bernard Duchesne, La maison du censitaire. Licence : tous droits réservés.


Réponds aux questions suivantes

 

Question 1

Quel est la fonction de chacun des éléments situés sur la carte?

Les documents

Cahier de traces

3. La vie quotidienne et l'adaptation des colons


Décrire la vie quotidienne en Nouvelle-France et établir les conditions auxquelles s'adaptent les colons.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Pour assurer l’implantation du régime seigneurial, les autorités coloniales comptent d’abord sur les colons qui arrivent d’Europe après une longue traversée de l’océan Atlantique en bateau. Sur ces navires, les colons éprouvent des conditions de vie difficiles durant un voyage qui prend environ de 2 à 3 mois. En mer, les colons s’exposent à plusieurs dangers comme les naufrages, les famines et les maladies liées au scorbut ou à l’insalubrité sur le navire.


La distance et la longueur du trajet parcouru par les colons témoigne de l’éloignement géographique entre la métropole et la colonie. Cet éloignement géographique ralentit autant sur la réception des instructions royales par les autorités coloniales que l’importation des produits finis en provenance d’Europe. À l’inverse, les décisions des dirigeants de la Nouvelle-France tardent à atteindre la France, ce qui fait en sorte que la métropole comprend parfois mal la réalité en Amérique.

Source : Jacques Savary, Le Parfait négociant [...] (1675), Bibliothèque nationale de France. Licence : domaine public.


En plus des contraintes liées à l’éloignement géographique, les navires doivent attendre la fonte des glaces au printemps avant de s’aventurer dans le fleuve Saint-Laurent, ce qui nuit aux contacts entre la France et la Nouvelle-France. Le climat ne touche pas seulement les déplacements transatlantiques, car les saisons rythment aussi la vie quotidienne des colons, qui s’adaptent progressivement à leur environnement. L’adaptation des colons compte notamment sur l’Église catholique, une institution qui joue un rôle important dans l’encadrement de ceux que l’on en vient à nommer les « Canadiens », qui forment une société de plus en plus singulière.


Source : Cornelius Krieghoff, Hommes hissant une embarcation sur la glace (1863), Bibliothèque et Archives Canada, 2898348. Licence : domaine public.

3.1 L'établissement et l'acclimatation des colons

Lorsque les engagés arrivent en Nouvelle-France et qu’ils s'installent sur une censive, ils défrichent les terres avant de commencer à les cultiver. Ces censitaires doivent travailler environ 10 ans afin d’avoir assez de terres cultivables pour nourrir leur famille, ce qui explique pourquoi plusieurs engagés tentent d’obtenir une terre déjà défrichée ou décident finalement de quitter la colonie. Les colons qui restent en Nouvelle-France à la fin de leur contrat continuent de défricher et de cultiver les terres, mais une partie d’entre eux décident plutôt de se lancer dans le commerce des fourrures en devenant coureur des bois ou voyageurs.

Source : George St. Vincent Whitmore, Défrichement près du lac Beauport, au Bas-Canada (vers 1836), Bibliothèque et Archives Canada, 2897296. Licence : domaine public.


Source : Jacques Lamontagne et Bernard Duchesne, Le four à pain. Licence : tous droits réservés.

Durant le printemps, l’été et l’automne, c’est donc le défrichement, le travail agricole et la préparation du bois de chauffage pour l’hiver qui rythment le quotidien des hommes et des femmes. Ces derniers font la culture du blé et des légumes afin d’assurer leur subsistance. La récolte permet parfois de dégager un léger surplus monétaire qui sert à payer les redevances au seigneur ou à se procurer des produits importés de la métropole comme le tissu, le sel et le vin. Les colons se procurent aussi de l’eau-de-vie, un alcool qui fait partie de leur alimentation quotidienne ainsi que des ressources qu'ils échangent avec les Autochtones. L’élevage de bétail complète la production agricole, auquel s’ajoutent éventuellement des chevaux qui permettent aux colons de se déplacer pour le commerce ou les rassemblements comme les mariages et les fêtes religieuses.


Source : James Pattison Cockburn, Le lac Beauport en hiver (vers 1830), Bibliothèque et Archives Canada, 2896175. Licence : domaine public.


En hiver, les conditions climatiques de l’Amérique du Nord exposent les colons à des conditions de vie différentes de celles des paysans d’Europe. D’un côté, l’hiver ralentit les activités économiques des colons et leur permet de se rassembler plus fréquemment au moment où l’enneigement des champs et le gel des rivières facilitent leurs déplacements. De l’autre, le froid rigoureux accentué par le petit âge glaciaire limite la durée de la saison propice à l’agriculture et peut rendre les colons plus vulnérables à la faim et aux maladies. Les colons s’adaptent progressivement au climat en choisissant des semences d’origine européenne résistantes au froid et en intégrant des semences d’origine autochtone comme le maïs à leur agriculture.


Pour s’adapter à l’hiver, les colons comptent aussi sur des objets autochtones comme les bottes avec des semelles de mocassins, les raquettes et les toboggans. Dans le cas du toboggan, les colons l’utilisent d’abord pour transporter des marchandises à pied, comme le font les Autochtones. Les colons adaptent peu à peu cet objet à leurs besoins en l’attachant à des chevaux, que les autorités coloniales importent d’Europe en plus grand nombre après la mise en place du gouvernement royal. C'est ainsi que les colons transforment éventuellement le toboggan en charrette avec des patins, ce qui leur permet de se déplacer plus facilement dans les champs enneigés et sur les rivières gelées. En ville, les élites coloniales adaptent aussi leurs véhicules au climat de la Nouvelle-France lorsqu’ils transforment leurs calèches en carrioles.

    Source : Auteur inconnu, Tapis mural (date inconnue), Musée de la civilisation du Québec, 83-599. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

    Les coureurs des bois comptent aussi sur les moyens de transport autochtones pour s’aventurer dans la région des Grands Lacs et dans la vallée du fleuve Mississippi. Plusieurs d’entre eux passent donc beaucoup de temps au sein des Premières Nations, ce qui leur permet d’adopter certains éléments des cultures autochtones comme leurs langues, leurs vêtements et leurs tatouages. Des coureurs des bois s'unissent aussi avec des femmes autochtones, ce qui s’avère utile pour établir des relations commerciales et qui entraine un certain métissage entre les Français et les Autochtones. La quête de liberté des coureurs des bois et leur proximité avec les Premières Nations préoccupent les autorités coloniales qui peinent à contrôler les déplacements et les comportements de cette partie de la société coloniale.

    Source : Jacques Viger, Coureur des bois (entre 1813 et 1856), Archives de la Ville de Montréal, CA M001 BM099-1-D1. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


    3.2 L'encadrement des colons par l'Église catholique

    Aux 17e et 18e siècles, la foi catholique est au cœur de l’identité des sociétés de la France et de la Nouvelle-France, car la religion est à la base de leur vision du monde et de leurs valeurs. Par conséquent, les colons souhaitent maintenir la présence de l’Église catholique dans leur vie quotidienne et ils ne remettent pas en question le rôle de la religion dans la société. En plus de compter sur le régime seigneurial, l’établissement des colons en Nouvelle-France passe donc par l'implantation de leurs institutions et croyances religieuses.


    Source : Auteur inconnu, L'arrivée des Ursulines en 1639 (entre 1908 et 1911), Bibliothèque et Archives Canada, 2890384. Licence : domaine public.


    Source : Jacques Lamontagne et Bernard Duchesne, L'église est au centre de la vie des habitants de la Nouvelle-France. Licence : tous droits réservés.

    Sur les plans social et culturel, l’adaptation des colons passe notamment par la demande qu’ils font à l’Église catholique pour constituer des paroisses. Pour les catholiques, la paroisse représente la communauté d’appartenance dont le bâtiment de l’église est le centre. Ce sont d’ailleurs les colons qui construisent l’église de la paroisse et qui sont responsables de son entretien. Au yeux du curé envoyé par l’évêque pour encadrer les paroissiens sur le plan spirituel, cette église représente le lieu de célébration des rites religieux. De nombreux rites encadrent la vie des colons, parmi lesquels comptent la messe du dimanche, les baptêmes, les mariages et les funérailles. De leur côté, les colons utilisent aussi l’église qu’ils ont bâti comme un lieu de rassemblement où l’on peut socialiser avec d'autres habitants et parfois même contester l’autorité du seigneur.

    Source : Mario Marchand, Chapelle. Seigneurie de la Nouvelle-France (2000), Le monde en images, 20800. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Jusqu’en 1760, l’Église catholique constitue 126 paroisses en Nouvelle-France. Dans chaque paroisse, les curés transmettent aux colons les croyances et les valeurs chrétiennes, ce qui leur permet d’encadrer la société coloniale. En soutenant l'adaptation des colons, l’Église peut donc exercer une certaine influence sur la population de la colonie qui continue de croitre et de se différencier de la population de la métropole. Ce sont d’ailleurs les registres paroissiaux de l’Église qui ont permis aux historiens de mieux comprendre les particularités de Nouvelle-France sur le plan démographique et social. Jusqu’à la fin du 20e siècle, la paroisse représente un cadre territorial, social et culturel qui structure la vie quotidienne au sein de nombreuses communautés de la société québécoise.


    Réponds aux questions suivantes.

     

    Question 2

    Replace les éléments dans une séquence qui permet de relier une cause à son effet.

    A. Les colons utilisent des objets autochtones comme les raquettes et le toboggan et choisissent des semences locales qui résistent au froid.

    B. En s’adaptant au climat et en intégrant des objets autochtones à leur mode de vie, les colons de la Nouvelle-France se distinguent de plus en plus des habitants de la métropole.

    C. Les hivers en Nouvelle-France sont longs et le froid est rigoureux.

    Cahier de traces

    4. Les villes du Canada


    Établir des caractéristiques des villes de la colonie et des groupes sociaux qui y habitent.

    Source : Bernard Duchesne, La construction des fortifications de Montréal, vers 1745, Création Bernard Duchesne. Licence : Creative Commons (BY-NC), contexte éducatif seulement.

    Dans les villes comme dans les campagnes, le régime seigneurial représente le principal outil de peuplement et d’exploitation du territoire de la couronne française. À l’image des sociétés européennes de l’époque, la Nouvelle-France est une société où la grande majorité de la population vit en campagne. Les différents centres urbains jouent tout de même un rôle d’importance. La colonie du Canada compte trois villes majeures : QuébecTrois-Rivières et Montréal. La population urbaine se compose principalement d’artisans, de commerçants, de communautés religieuses, des autorités coloniales ainsi que de la majorité des esclaves de la Nouvelle-France.


    Source : Bernard Duchesne, La place du marché à Montréal, vers 1745, Création Bernard Duchesne. Licence : Creative Commons (BY-NC), contexte éducatif seulement.

    4.1 Les villes et la population urbaine

    En raison des objectifs mercantiles de la colonisation, les villes du Canada sont des centres économiques d’importance en Nouvelle-France. Grâce à sa position géographique et son emplacement sur un promontoire rocheux, Québec agit comme porte d’entrée et comme principal port de la colonie. Toutes les marchandises en provenance d’Europe passent par ce port avant d'entrer dans la colonie. De son côté, Montréal devient un centre économique incontournable pour le commerce des fourrures dans la deuxième moitié du 17e siècle. De plus en plus de marchands s’y établissent pour organiser les différentes expéditions de traite, ce qui favorise l’essor d’une bourgeoisie marchande au sein de la ville.

    Source : Jean-Baptiste-Louis Franquelin, Carte de l'Amerique Septentrionnale [...] (copie d’une œuvre de 1688 entre 1909 et 1910), Library of Congress, 2002622264. Licence : domaine public.

    Les autorités coloniales choisissent la haute-ville de Québec pour y établir le siège politique et administratif de la Nouvelle-France. Ils y font construire notamment les palais du gouverneur et de l’intendant. C’est aussi dans la haute-ville que s’installent la noblesse, les communautés religieuses et l'évêque de la colonie. Nommé par le roi avec l’approbation du pape, l’évêque administre l’Église catholique en Nouvelle-France. Pour leur part, les communautés religieuses dirigent notamment les hôpitaux responsables des soins et de la charité ainsi que les séminaires. Ces écoles forment les prêtres qui doivent ensuite se rendre dans les paroisses ou les missions de même que les membres des professions comme ingénieur maritime ou médecin.


    À Québec, la majorité de la population urbaine vit toutefois dans la basse-ville, où l’on trouve de nombreuses habitations, des églises et des places publiques. Les places publiques servent entre autres de marché pour les habitants ainsi que de lieu où des crieurs publics communiquent les ordonnances du roi. La basse-ville est aussi le lieu de résidence de nombreux artisans comme les forgerons, les cordonniers ou les boulangers. À cela s'ajoutent quelques artisans produisant des biens de luxe pour l’élite coloniale, comme les perruquiers.


    Source : William Ogle Carlisle, Marché de la haute-ville, Québec (1870), Musée McCord, M347. Licence : domaine public.


    En ville, des travailleurs occupent également des métiers qui ne nécessitent pas de savoir-faire particulier comme les débardeurs ou les domestiques. Ces derniers travaillent généralement pour les élites locales pour s’occuper de l’entretien et de l’administration de leur domaine. Certains domestiques travaillent également pour des artisans en les aidant entre autres à entretenir la boutique. Les villes hébergent aussi les garnisons militaires de la colonie, car les soldats sont à la fois chargés de la protection de la ville et du maintien de l’ordre. Ces soldats servent également de main-d'œuvre au besoin.


    Source : Balthasar Friedrich Leizelt, Vuë de Quebeck (vers 1770), Library of Congress, 2004671419. Licence : domaine public.

    Les villes hébergent aussi leur lot de personnes qui ont très peu de moyens et qui ne peuvent pas compter sur un réseau d’entraide. Pour survivre, ces personnes doivent se tourner vers les œuvres des communautés religieuses qui valorisent la charité envers les personnes vivant dans la pauvreté. Ces œuvres de charité permettent de soulager les plus vulnérables de la faim ou du froid, mais elles permettent rarement à ces populations marginalisées de sortir de la pauvreté.

    Source : Jacques Viger, Hôtel-Dieu de Québec, 1639 (1853), Archives de Montréal, CA M001 BM099-1-D2-P04. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


    4.2 L'esclavage en Nouvelle-France

    5. Révision


    Écoute d'une vidéo

     

    Révision du chapitre "Le régime seigneurial et la population coloniale.".



    Question 3 - Déterminer des causes et des conséquences

    Quels sont les objectifs de l’implantation du régime seigneurial en Nouvelle-France ?


    Les documents

    « Pour des Européens, occuper le sol implique sa mise en valeur par l’agriculture, puisque la terre constitue le fondement de l’économie et de la société d’Ancien Régime. La seigneurie sera l’instrument de cette mise en valeur de l’espace laurentien et s’inscrira dès lors au cœur du processus de colonisation. »

    Source : Benoît Grenier,  Brève histoire du régime seigneurial, Montréal, Boréal, 2012.

    « [...] la France a fait du régime seigneurial canadien un système que l'on peut résumer comme suit : accorder à des entrepreneurs qu'on appellera seigneurs, une portion plus ou moins grande de terre pour y établir des habitants, en fixant d’avance et d'une façon précise des droits et devoirs réciproques dont l'État se réserve la surveillance minutieuse. »

    Source : Marce Trudel, Le régime seigneurial, Ottawa, La société historique du Canada, 1971, p. 3.

    Tab content 3

    Tab content 4

    Tab content 5

    Cahier de traces

    Question 4 - Dégager des différences et des similitudes

    Les documents 3 et 4 présentent les positions de deux historiens sur le régime seigneurial. Sur quel point précis sont-ils en désaccord ?


    Les documents

    Tab content 1

    Tab content 2

    « Dans cette vallée du Saint-Laurent, [...] le simple immigrant pouvait survivre plus facilement si la société lui offrait un système d'entraide. L'État crée donc le seigneur qui donnera la terre et qui, en retour de certains droits prévus par contrat, [offrira son aide] aux habitants. [...] À son tour, [le censitaire] aidera le seigneur en remplissant les devoirs requis et en faisant ses trois ou quatre jours de corvée par année. »

    Source : Marce Trudel, Le régime seigneurial, Ottawa, La société historique du Canada, 1971, p. 18.

    En vertu de ce système, la terre n’est jamais possédée parfaitement et entièrement ; on la tient de quelqu’un (d’où le mot tenure) dans un rapport de subordination et à l’intérieur d’une hiérarchie. La seigneurie est donc non seulement un territoire mais aussi et surtout un rapport entre individus, rapport marqué par l’inégalité sociale. » 

    Source : Benoît Grenier,  Brève histoire du régime seigneurial, Montréal, Boréal, 2012.

    « L'entraide sociale établie en système »

    « Dans cette vallée du Saint-Laurent, [...] le simple immigrant pouvait survivre plus facilement si la société lui offrait un système d'entraide. L'État crée donc le seigneur qui donnera la terre et qui, en retour de certains droits prévus par contrat, [offrira son aide] aux habitants. [...] À son tour, [le censitaire] aidera le seigneur en remplissant les devoirs requis et en faisant ses trois ou quatre jours de corvée par année. »

    Source : Marce Trudel, Le régime seigneurial, Ottawa, La société historique du Canada, 1971, p. 18.

    Cahier de traces