La Nouvelle-France et le territoire

Site: ENA.RECITFAD.COM
Cours: HIG-4101 Histoire du Québec et du Canada, des origines à 1608
Livre: La Nouvelle-France et le territoire
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: mercredi, 15 janvier 2025, 13:44

1. Introduction


Consignes pour ce module

 

Tout au long de ce chapitre, tu devras lire des textes, consulter des vidéos et répondre à des questions interactives.

Lorsque tu voudras passer à la page suivante, clique sur le petit rectangle gris pâle, en haut ou en bas, à droite.

« Abitation de Quebcq du Sieur de Champlain »

« Le magasin. Colombier. Corps de logis où sont nos armes, & pour loger les ouvriers. [...] Logis de sieur de Champlain. La porte de l'habitation, où il y a pont-levis. Promenoir autour de l'habitation[...] Fossés tout autour de l'habitation. Plattes formes, en façon de tenaille pour mettre le canon. Jardin du sieur de Champlain. [...] R La grande riviere de sainct Lorens. »

Source : Samuel de Champlain, « Habitation de Québec » (vers 1608), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.

À partir de 1608, le projet de colonie de la France prend forme de manière permanente dans la vallée du Saint-Laurent. L’arrivée de colons français et l’organisation territoriale de la colonie entrainent graduellement la formation d’une société coloniale qui dépend du commerce des fourrures.


Source : Philéas Gagnon, Canadienne, Canadien (vers 1750), Archives de la Ville de Montréal, Fonds BM7, CA M001 BM007-2-D27-P001. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Les caractéristiques de la colonie sont modelées par les traditions françaises, mais aussi par l’acclimatation des colons et leur adaptation à l’éloignement géographique de la métropole française. Les relations de la société coloniale française avec les Premières Nations et les autres empires coloniaux sont au cœur de son développement économique et de son expansion territoriale jusqu’en 1760.


 
Dans ce module, nous verrons les 3 opérations intellectuelles suivantes: établir des faits, dégager des différences et des similitudes et déterminer des causes et des conséquences.

Opérations intellectuelles


Dans un 1er temps, écoute les 3 vidéos suivantes. Informe ton enseignant.e lorsque tu auras terminé. Il-Elle prendra le temps de t'enseigner chacune d'elle en utilisant du matériel complémentaire que tu retrouveras sur le site Pédago Mosaîque.

Dégager des différences et des similitudes

Vidéo traitant de l'opération intellectuelle « Dégager des différences et des similitudes ». Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Dégager des différences et des similitudes, c’est comparer deux ou plusieurs documents pour faire ressortir ce qui est semblable entre eux ou ce qui est distinct.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Établir des faits


Cette vidéo accompagne le cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada de 4ᵉ secondaire. Elle traite de l'opération intellectuelle « établir des faits » à partir d'un extrait de source primaire et aborde la production de la chaussure à Montréal pendant la première phase d'industrialisation.

Pour une activité sur cette opération intellectuelle : https://monurl.ca/faits

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

Déterminer des causes

Cette vidéo fait partie du cours en ligne d'histoire du Québec et du Canada.

Déterminer des causes, c’est trouver pourquoi un événement s’est produit. Un bon indice, quand on recherche une cause, est de se souvenir qu’elle se situe toujours avant l’événement dans la chronologie.

Cette vidéo a été élaborée par le RÉCIT univers social : www.recitus.qc.ca

2. Les objectifs de colonisation de la métropole française


Les 2 idéologies qui guident la colonisation de l'Amérique du Nord par la métropole française.

Source : Léonce Cuvelier, Reconstitution de l'habitation de Champlain (1940), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P551,D2,P37. Licence : domaine public.

En 1608, Samuel de Champlain fonde Québec dans les environs de Stadaconé, un village autochtone qui n’est plus occupé par les Iroquoiens du Saint-Laurent depuis leur disparition. Dorénavant, les Français comptent sur ce premier établissement permanent dans la vallée du Saint-Laurent pour intensifier la colonisation de l’Amérique du Nord. La couronne française nomme cette colonie la « Nouvelle-France », un terme qui désigne le territoire occupé par les colons, mais aussi le vaste territoire revendiqué par la France aux 17e et 18e siècles. À cette époque, l’Angleterre, les Pays-Bas, l’Espagne et le Portugal poursuivent aussi la colonisation de l’Amérique, toujours en quête de richesses, de prestige et d’un passage vers l’Asie.


2.1 Le mercantilisme

Source : Auteur inconnu, Conquête du Mexique par Cortés (17e siècle), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.

C’est en partie la doctrine économique du mercantilisme qui pousse les puissances européennes à coloniser les continents au-delà des frontières de l’Europe. En effet, le mercantilisme soutient que la puissance d’un royaume se fonde sur les richesses qu’il possède. Selon les principes du mercantilisme, un empire doit entretenir des échanges commerciaux entre sa métropole et ses colonies, qui ne doivent pas faire du commerce avec les autres empires. De plus, les colonies d’Amérique peuvent exporter des matières premières vers l’Europe, mais le mercantilisme préconise que la transformation de ces ressources doit se faire par les artisans de la métropole.


Alors que les Espagnols pillent l’or et l’argent des populations autochtones d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, les Français peinent à trouver des métaux précieux en Amérique du Nord. Cela dit, la Nouvelle-France représente tout de même une potentielle source d’enrichissement pour la France.

Source : Auteur inconnu, Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques, avec leur explication, tome IV (1765), Briasson, David et Le Breton, Paris, p. 440-453, en ligne sur Smithsonian Libraries and Archives. Licence : domaine public.

Plus spécifiquement, les Français exploitent les ressources naturelles de cette colonie, des ressources qu’ils expédient ensuite vers la métropole pour les transformer et les vendre aux populations européennes. Par exemple, les marchands français acquièrent des peaux d’animaux et des fourrures en Nouvelle-France, mais ce sont les artisans de France qui confectionnent des chapeaux et des vêtements pour en faire le commerce.



Réponds aux questions suivantes.

   

En résumé

Le mercantilisme incite les empires coloniaux à développer des colonies qui ne font pas compétition à leur métropole et qui priorisent l’enrichissement de leur royaume.


2.2 L'évangélisation

Source : Lawrence R. Batchelor, Premières religieuses ursulines avec des étudiantes autochtones au 17e siècle, à Québec (vers 1931), Bibliothèque et Archives Canada, 2895625. Licence : domaine public.

Source : Jean-Baptiste Lagacé, Champlain et les Récollets au 17e siècle (vers 1921), Musée de la civilisation, 90-1692-32. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Dès le début de l’occupation de l’Amérique par les empires européens, la colonisation a également pour objectif l’évangélisation des Autochtones, c’est-à-dire la transmission ou l’imposition du christianisme aux Premières Nations. Au cours de la période, des communautés religieuses comme les Récollets, les Jésuites et les Ursulines quittent donc la France pour s’installer en Nouvelle-France afin d’évangéliser les Autochtones.


Comme tu l’as constaté dans la période précédente, les Autochtones forment des sociétés complexes avec des traditions établies depuis plusieurs millénaires. Même si les Européens reconnaissent que les Autochtones ont des croyances religieuses, ils considèrent ces croyances comme illégitimes et hérétiques. Les religieux catholiques que l’on nomme des « missionnaires » se donnent ainsi pour mission de sauver les Autochtones sur le plan spirituel en les convertissant au christianisme et au mode de vie européen. Cet objectif d’évangélisation témoigne du sentiment de supériorité des Européens, qui pensent que leurs croyances et leurs institutions sont le modèle à suivre pour tous les êtres humains.


Source : Vernon Mould, Sainte-Marie chez les Hurons-Wendats, une mission construite par les Jésuites à partir de 1639 (1967), Musée McCord, M976.180.3. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Réponds aux questions suivantes.

   

En résumé

L'évangélisation a pour but de transmettre ou d'imposer la religion catholique aux Autochtones. Différents groupes religieux s'installent en Nouvelle-France pour tenter d'atteindre cet objectif.

Pour encadrer l’évolution de la société coloniale française et du territoire qu'elle occupe, la métropole compte sur ses autorités militaires et politiques ainsi que sur des marchands et des communautés religieuses originaires de France. Puisque les marchands exploitent les ressources de la colonie sans contribuer de manière efficace à son peuplement, la couronne française dote la colonie d’un gouvernement royal en 1663.

Source : Jacques Lamontagne et Bernard Duchesne, Lopin de terre en défrichement. Licence : tous droits réservés.


Le gouvernement royal renforce le pouvoir des autorités coloniales, qui tentent de relancer le peuplement, de diversifier l’économie et de favoriser l’exploration du territoire au-delà de la vallée du Saint-Laurent. Les colons participent à l’occupation et l’exploration de ce territoire qui fait l’objet de plusieurs rivalités, dont la guerre de la Conquête qui oppose la France à la Grande-Bretagne entre 1754 et 1760.


Source : Lawrence R. Batchelor, Jean Talon visitant les colons (vers 1931), Bibliothèque et Archives Canada, 2896077. Licence : domaine public.

Cahier de traces

Question 2 - Déterminer des causes et des conséquences

Replace les éléments dans une séquence qui permet de relier une cause à son effet.

    1. Les missionnaires se rendent au sein des nations autochtones et vivent à leurs côtés.
    2. Plusieurs communautés religieuses (Récollets, Jésuites, Ursulines, etc.) arrivent en Nouvelle-France pour les convertir.
    3. Certaines nations autochtones intègrent les croyances et les pratiques de la religion catholique à leurs spiritualités.


    Cahier de traces

    3. Le territoire français en Amérique


    Distingue le territoire occupé par les Français en Amérique du territoire qu'ils revendiquent face aux autres royaumes européens. 


    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    En plus de leurs motivations économiques et religieuses, les royaumes européens colonisent l’Amérique en vue d’assurer une présence physique sur le territoire. Pour ce faire, la France tente d’établir des colons en Nouvelle-France, ce qui lui permet d’affirmer qu’elle occupe cette partie du territoire. En occupant le territoire de façon permanente, la couronne française peut revendiquer ce territoire et faire face à la compétition des autres royaumes européens qui intensifient aussi leur occupation du continent américain.


    Source : John David Kelly, Champlain dans la baie Georgienne au 17e siècle (entre 1895-1900), Musée McCord, M993.154.314. Licence : domaine public.


    Entre 1608 et 1760, le territoire français en Amérique évolue en fonction des relations avec les Premières Nations. En effet, les nations autochtones continuent d’exercer une influence sur l’accès des colons français aux ressources naturelles et aux cours d’eau ainsi que sur leur intégration aux réseaux économiques et aux systèmes d’alliances autochtones.

    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    3.1 Le territoire occupé par la France

    L’occupation permanente de l’Amérique du Nord par les Français prend d’abord forme dans les établissements de la vallée du Saint-Laurent. Après la fondation de Québec en 1608, les Français fondent Trois-Rivières en 1634 et Ville-Marie (Montréal) en 1642. Durant les 17e et 18e siècles, ces établissements deviennent des villes qui comptent principalement sur le commerce des fourrures pour soutenir leur développement. Surmontant plusieurs difficultés, les autorités coloniales assurent graduellement le gouvernement et la défense des villes, où les communautés religieuses dirigent des hôpitaux et des écoles.


    La fondation des villes du Canada

    Réponds aux questions suivantes.

     


    Pour structurer l’occupation et le peuplement du territoire, les autorités coloniales implantent le régime seigneurial en Nouvelle-France. D’origine française, ce système de subdivision et de propriété des terres façonne les paysages ainsi que les rapports sociaux entre les élites et les colons. En vue d’y pratiquer l’agriculture, les colons défrichent les terres près des villes et celles qui bordent les rives du fleuve Saint-Laurent. Au cours du 17e siècle, cette transformation du paysage prend aussi forme sur les terres qui longent les affluents du fleuve comme les rivières Chaudière, Saint-Maurice et Richelieu. Sur une distance d’environ 400 kilomètres, la production agricole de la Nouvelle-France repose sur le travail des colons et sur la fertilité des sols formant les basses-terres du Saint-Laurent.

    Source des données : Serge Courville, Le Québec, genèse et mutation du territoire, Québec, Presses de l’Université Laval, 2000, p.115.

    Source de la carte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    À la fin du 17e siècle, le territoire occupé par la France prend de l’expansion avec l’établissement de postes de traite, de missions et de forts dans la région des Grands Lacs et celle du fleuve Mississippi. Ces établissements permettent d’entretenir des relations avec les Premières Nations par l’entremise du commerce des fourrures, de la conversion au christianisme et de la diplomatie, qui peut impliquer des alliances et des rivalités. Dans la région du golfe du Saint-Laurent et de l’océan Atlantique, les Français intensifient leur occupation des côtes pour exploiter les ressources d’un vaste territoire de pêche dont tirent aussi profit les Britanniques.


    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


    3.2 Le territoire revendiqué par la France

    L’occupation française du territoire est beaucoup moins dense dans les régions des Grands Lacs et du fleuve Mississippi que dans la vallée du Saint-Laurent. Malgré le fait que ces régions sont moins densément habitées par les colons, leur occupation permet tout de même à la France de soutenir ses revendications territoriales face aux autres royaumes européens.

    Vers 1700, le territoire revendiqué par la France s’étend de l’océan Atlantique à l’est jusqu’au lac Winnipeg à l’ouest et de la mer du Labrador au nord jusqu’au golfe du Mexique au sud. La Nouvelle-France inclut l’ensemble du territoire revendiqué par la France en Amérique du Nord, un territoire que les autorités coloniales subdivisent en plusieurs régions parmi lesquelles comptent l’ile de Terre-Neuve, le Labrador, l’Acadie, le Canada, les côtes de la baie d’Hudson et la Louisiane.

    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


    Source des données et du tableau : Information compilée par le Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


    En parallèle de la colonisation de l’Amérique par les Français, les Britanniques et les Espagnols déploient aussi leurs empires coloniaux sur ce continent. Tous ces royaumes revendiquent le territoire qu’ils occupent, ce qui se traduit entre autres par des rivalités entre la France et la Grande-Bretagne sur les frontières de leurs colonies respectives. Par exemple, les Treize colonies se peuplent et se densifient rapidement, ce qui exerce une pression sur les frontières de la Nouvelle-France.


    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Les frontières des colonies françaises et britanniques évoluent aussi selon les conflits qui se déroulent en Europe. Par exemple, le traité d'Utrecht de 1713 met fin à une guerre européenne et il exige que la France cède une partie de son territoire colonial à la Grande-Bretagne, incluant l’ile de Terre-Neuve, une partie de l’Acadie et les terres entourant la baie d’Hudson. La France conserve toutefois un accès aux côtes de Terre-Neuve, ce qui lui permet de poursuivre ses activités de pêche durant l’été et de tirer profit des vastes bancs de morue de l’océan Atlantique.


    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Le territoire occupé et revendiqué par la France en Amérique se transforme en fonction des rivalités entre les empires coloniaux jusqu’à la conquête de la Nouvelle-France par la Grande-Bretagne en 1760. Dans l'ensemble, l’expansion des empires coloniaux transforme aussi le territoire des Premières Nations, au sein duquel de plus en plus de colons d’origine européenne s'aventurent et s’établissent.


    Réponds aux questions suivantes.

      Réfère-toi au chapitre précédent pour répondre aux questions suivantes. 

     

    Cahier de traces

    4. Les relations entre la colonie française et les premières nations


    Déterminer des conséquences des relations entre les Français et les Premières Nations sur les Premières Nations. 

    Après l’alliance franco-amérindienne de 1603, les Français continuent d’établir des relations diplomatiques avec les Premières Nations, dont les Hurons-Wendats. En s’intégrant au système d’alliances des Premières Nations, les Français peuvent s’approvisionner en fourrures et mettre en œuvre leur objectif d’évangélisation auprès des Autochtones. Ces alliances conduisent aussi à l’implication militaire des Français dans les guerres iroquoises, des conflits qui opposent leurs alliés Hurons-Wendats à la Ligue des Cinq-Nations (Iroquois) qui est soutenue par les Britanniques.

    Source : Samuel de Champlain, « Défaite des [Iroquois] au Lac de Champlain, 1609 », Les voyages du sieur de Champlain [...], Jean Berjon, Paris, 1613, p. 232, Wikimedia Commons, couleur ajoutée. Licence : domaine public.


    4.1 Le choc microbien, dislocation de la Huronie et les villages domiciliés

    Après la fondation de Québec en 1608, les Hurons-Wendats deviennent les principaux partenaires commerciaux de la colonie française et ils multiplient leurs interactions avec les missionnaires catholiques. En effet, ces religieux européens établissent des missions à proximité des villages de la Huronie en vue de convertir les populations autochtones au christianisme. Dans la première moitié du 17e siècle, une partie de la population huronne-wendate adhère au catholicisme alors qu’une autre partie rejette les croyances et les pratiques religieuses des Européens.


    Source : François-Joseph Bressani, [Un aperçu de la Nouvelle-France, une carte détaillée des Hurons] (1657), dessin sur carte, 00561829, Library of Congress Geography and Map DivisionLicence : domaine public.

    Le choc microbien et la dislocation de la Huronie

    Les contacts fréquents des colons et des missionnaires français avec les Hurons-Wendats engendrent un choc microbien qui s’apparente à celui vécu par une majorité des populations autochtones de l’Amérique. Dans les années 1630 et 1640, ce choc microbien provoque une série d'épidémies en Huronie, ce qui cause une diminution importante de la population huronne-wendate qui passe de 30 000 à 10 000 personnes. Divisés sur le plan spirituel en raison de l’évangélisation et ébranlés par le choc microbien, les Hurons-Wendats éprouvent de plus en plus de difficultés à résister aux assauts des Iroquois. Entre 1648 et 1650, les Hurons-Wendats subissent une série d'attaques dévastatrices de la part des Iroquois, ce qui engendre la dislocation de la Huronie.

    Source : Joseph-François Lafitau, « Fête des morts chez les Hurons-Wendats », Moeurs des sauvages ameriquains, 1724, tome 2, p. 456, planche 22, Bibliothèque nationale de France. Licence : domaine public.


    La dispersion des Hurons-Wendats et les villages domiciliés

    Menacées par les épidémies, la guerre et la famine, les populations huronnes-wendates doivent abandonner leurs villages et se disperser. Après 1650, certains Hurons-Wendats acceptent de se joindre aux Iroquois alors que d’autres se réfugient chez les Pétuns à l’ouest des Grands Lacs. Finalement, quelques centaines de Hurons-Wendats migrent vers la colonie française et s'établissent dans la région de Québec, où ils occupent plusieurs sites avant de s’installer définitivement sur le territoire qui représente de nos jours la réserve de Wendake.


    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Dans la colonie, les Hurons-Wendats poursuivent leurs activités d’avant la dislocation de la Huronie. L’agriculture et la fabrication d’objets comme les canots leur permettent de subvenir à leurs besoins et d’échanger leurs surplus contre des produits européens. En parallèle, des communautés religieuses fondent une mission à proximité des Hurons-Wendats pour soutenir leur conversion au christianisme.


    Au fil du temps, les Hurons-Wendats adhèrent aux croyances et aux pratiques de la religion catholique tout en y intégrant leurs rituels traditionnels comme la distribution de dons lors des funérailles. Par exemple, les Hurons-Wendats s'assurent que des prières soient récitées pour le défunt en remettant un wampum au prêtre catholique qui conduit la cérémonie. Cet exemple d’un phénomène d’acculturation, c’est-à-dire que les Hurons-Wendats assimilent partiellement la culture catholique au contact des missionnaires français.

    Source : Edward Chatfield, Le chef huron-wendat Nicholas Vincent Tsawenhohi après sa rencontre avec le roi Georges IV (1825), Musée McCord, M20855. Licence : domaine public.


    Comme les Hurons-Wendats, plusieurs autres groupes autochtones qui se convertissent au catholicisme choisissent de s’installer à proximité des villes de la Nouvelle-France au 17e siècle. On utilise parfois l’expression « domiciliés » pour qualifier ces populations autochtones qui vivent près du territoire occupé par les Français et qui adoptent partiellement la culture européenne. Parmi les villages domiciliés, Kahnawake regroupe des membres de plusieurs Premières Nations, dont certains Mohawks ayant quitté l’Iroquoisie lors d’une période de paix. Dès la fondation de Kahnawake, les missionnaires catholiques s’installent à proximité de la communauté pour poursuivre la transmission des croyances religieuses.

    « On bannit les superstitions des enterremens »

    Ce dessin représente le changement des pratiques funéraires des Mohawks pour l’adoption de pratiques liées au christianisme comme la récitation du chapelet.

    Source : Claude Chauchetière, Narration annuelle de la Mission du Sault St-Louis (Kahnawake) depuis la fondation jusqu’à l’an 1686 (vers 1686), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P1000,S3,D2654. Licence : domaine public.

    « On donne la confirmation la 1re fois »

    Ce dessin représente l’évêque de Québec, Monseigneur de Laval qui donne la confirmation à plus de 80 Autochtones. La confirmation est une cérémonie qui confirme l’appartenance d’une personne à l’Église catholique.

    Source : Claude Chauchetière, Narration annuelle de la Mission du Sault St-Louis (Kahnawake) depuis la fondation jusqu’à l’an 1686 (vers 1686), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P1000,S3,D2654. Licence : domaine public.

    Les villages domiciliés comme Kahnawake conservent leur structure politique traditionnelle qui s’appuient sur des clans regroupées dans des maisons longues et sur un conseil des anciens où l’on prend des décisions par consensus. Au 18e siècle, les Premières Nations des villages domiciliés de la vallée du Saint-Laurent se regroupent politiquement pour former la Fédération des Sept Feux en vue de négocier avec les autorités de la colonie française. Dans l’ensemble, les communautés des villages domiciliés tirent profit du commerce des fourrures en perpétuant les relations économiques qu’ils entretiennent avec les Français depuis leur établissement.


    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Question 4 - Déterminer des causes et des conséquences

    Les documents 1 et 2 relatent les causes de l’épidémie qui touche la Huronie vers 1650.



    Les documents

    Témoignage d’une femme huronne-wendate

    « Ils se sont logés dans un [...] village huron-wendat où tout le monde se portait bien. Aussitôt qu'ils s'y sont établis, tout le monde y est mort sauf trois ou quatre personnes. Les missionnaires ont changé de lieu et il en est arrivé de même. Ils sont allés visiter les cabanes des autres villages et il n’y a que celles où ils ne sont pas entrés qui aient été épargnées par la mortalité et la maladie ».

    Source :  Marie de l'Incarnation, « Lettre XIX à la supérieure des Ursulines de Tours », Lettres de la vénérable mère Marie de l'Incarnation , première supérieure des Ursulines de la Nouvelle-France, Paris, Louis Billaine, 1681, p. 340, en ligne sur Bibliothèque nationale de France. Licence : domaine public.

    « Comme ils vivaient au cœur du réseau commercial des Grands Lacs, les Hurons-Wendats sont rapidement devenus les principaux alliés et fournisseurs de fourrures des Français dans la région. Les Jésuites y ont fondé plusieurs missions, dont la principale était Sainte-Marie-des-Hurons. L’intensification des contacts entre Hurons-Wendats et Européens a provoqué des épidémies qui, de 1634 à 1640, ont entraîné la mort de plus de la moitié du peuple huron-wendat, qui comptait auparavant plus de 20 000 personnes réparties dans une vingtaine de villages ».

    Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, « Destruction de la Huronie par les Iroquois, 1649-1650 », La Ligne du temps du Québec, 2020, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

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    Cahier de traces

    5. Révision


    Écoute d'une vidéo

     

    Révision du chapitre "Le peuplement de l'Amérique du Nord et les explorations européennes".



    Question 5 - Dégager des différences et des similitudes

    À partir des cartes 1 et 2, dégage une similitude et une différence entre les territoires revendiqués par la France avant et après le traité d’Utrecht de 1713.

    Les documents

    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

    Cahier de traces

    Question 6 - Déterminer des causes et des conséquences

    À partir des documents 3 et 4, détermine les conséquences du mercantilisme sur le développement de la Nouvelle-France.

    Les documents

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    Tab content 2

    « La politique impériale était largement dictée par le mercantilisme qui favorisait le monopole et qui considérait les colonies comme des fournisseurs de ressources naturelles d’une part, et comme des marchés pour les produits manufacturés de la métropole, d’autre part. [...] Le commerce colonial était encouragé, mais non la production de biens qui [auraient] fait concurrence aux produits [importés de France]. »

    Source : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du  Québec, Québec, Septentrion, 2009, p. 100.

    [Bien qu’il soit géographiquement possible de commercer avec les Treize colonies], le pacte colonial [défend] tout commerce avec les Anglais, le commerce ne devant se faire qu'avec la France. Au moment où le marché français était saturé de castor canadien, cette mesure mercantiliste pèse lourdement sur la vie économique de la Nouvelle-France et présente, du point de vue colonial, une regrettable restriction à la liberté économique et politique.»Tab content

    Source : Rosario Bilodeau, « Liberté économique et politique des Canadiens sous le régime français », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol 10, no 1, 1956, p. 49-58.

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    Cahier de traces

    Question 7 - Établir des faits

    Selon le document 5, quel mode d’occupation du territoire est implanté en Nouvelle-France par les autorités coloniales ?

    Le document

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    Tab content 4

    Hérité du modèle féodal français, ce mode d’organisation du territoire favorise le peuplement et la mise en valeur des terres de la colonie. Il est régi par un système de droits et devoirs qui lient entre eux le roi, le seigneur et ses censitaires. Les terres sont établies en longues bandes étroites pour que le plus de personnes possible aient accès au fleuve Saint-Laurent.

    Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

    Cahier de traces