L'économie coloniale et le gouvernement royal

2. La prise en charge de la colonie par le gouvernement royal


Déterminer les causes et les conséquences de la prise en charge de la colonie par le gouvernement royal.


Dans la deuxième moitié du 17e siècle, le commerce des fourrures se transforme rapidement en raison des changements sociauxéconomiques et politiques qui se produisent dans la colonie.

Source : George Agnew Reid, Les pelletiers à Montréal (1916), Bibliothèque et Archives Canada, 2895827. Licence : domaine public.


Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

3.1 Le commerce des fourrures après la dislocation de la Huronie

Au début des années 1650, les Hurons-Wendats migrent vers la région de Québec après avoir été décimées par les guerres et les épidémies des décennies précédentes. En quittant la région des Grands Lacs, les Hurons-Wendats perdent leur rôle d'intermédiaires entre les nations algonquiennes et les Français dans le commerce des fourrures. Après la dislocation de la Huronie, plusieurs autres nations autochtones se rendent à Montréal chaque été jusque dans les années 1670 pour échanger leurs ressources aux marchands de la colonie dans une foire commerciale.


Privés de leurs partenaires commerciaux hurons-wendats, les marchands de la colonie reçoivent de moins en moins de peaux d’animaux dans les comptoirs de Québec, Trois-Rivières et Montréal. Par conséquent, de plus en plus de colons s’aventurent à l'ouest de la vallée du Saint-Laurent pour commercer directement avec les peuples algonquiens et pour explorer le territoire des Grands Lacs.

Source : Archibald Bruce Stapleton, Radisson et Des Groseillers établissant le commerce des fourrures dans le Nord-Ouest, 1662 (entre 1917-1950), Musée McCord, M993.154.313. Licence : œuvre protégée par le droit d’auteur, utilisation non commerciale autorisée.


Les colons qui établissent des relations économiques avec les peuples autochtones se nomment les coureurs des bois et ils peuvent être à l’emploi des marchands de la colonie ou travailler de manière autonome. À partir des années 1660, l’expansion du commerce des fourrures motivent de nombreux colons à rester dans la colonie, que ce soit comme coureur des bois ou comme cultivateur sur les terres d’un seigneur.


Source : Jacques Viger, Coureur des bois (entre 1813 et 1856), Archives de la Ville de Montréal, CA M001 BM099-1-D1. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

En 1663, le roi de France dissout la Compagnie des Cent-Associés et met fin au monopole de la Communauté des Habitants pour réduire l’emprise des marchands sur le commerce des fourrures et pour mieux encadrer cette activité économique. La couronne française cherche ainsi à renforcer son contrôle sur la Nouvelle-France et à s’assurer que le développement de la colonie se produit en fonction des objectifs de la métropole.

Source : Charles Walter Simpson (1927), La création du Conseil souverain en Nouvelle-France en 1663, Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Licence : domaine public.


Réponds aux questions suivantes.

 

Question 2 - Se situer dans le temps et l'espace

Place les événements suivants au bon endroit dans le tableau.


A) La Nouvelle-France dispose d’un réseau de forts et postes de traite dans la région des Grands-Lacs

B) Les Hurons-Wendats se dispersent sur le territoire.

C) Montréal joue un rôle central dans le commerce des fourrures.

D) Les Hurons-Wendats occupent la région des Grands Lacs.

Cahier de traces

Source : A. d'Auriac, Régiment de Carignan-Salières, 1665 (1932), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S5,PAQ33. Licence : domaine public.

3.2 Le gouvernement royal et le peuplement de la Nouvelle-France

En 1663, la couronne française instaure un gouvernement royal en Nouvelle-France pour relancer le peuplement de la colonie et pour renforcer l’influence de la France en Amérique du Nord. La même année, le roi de France envoie plus de 1100 soldats du régiment Carignan-Salières en Nouvelle-France pour assurer la protection de la colonie et la stabilité de son développement économique. Ces soldats arrivent dans la colonie en 1665.


Source : Adam Frans van der Meulen, La réception d’ambassadeurs des treize Cantons suisses par Louis XIV au Louvre, 11 novembre 1663 (1664), Wikimedia Commons. Licence : domaine public.


La structure du gouvernement royal


À cette époque, le système politique français est fondé sur le pouvoir absolu du roi sur son royaume et ses sujets. Selon les croyances religieuses de l’époque, le pouvoir absolu du roi provient du Dieu des chrétiens. En somme, l’absolutisme de droit divin est à la base de la structure politique de la métropole et de ses colonies, ce qui inclut le gouvernement royal de la Nouvelle-France.


Réponds aux questions suivantes.

 

La croissance de la population


Entre 1663 et 1760, la population d’origine européenne de la Nouvelle-France passe d’environ 3 000 à 70 000 personnes. Cette croissance démographique découle des migrations entre la France et la Nouvelle-France ainsi que de la natalité au sein de la colonie.

Source des données : Leslie Choquette, Population. Immigration, en ligne sur Musée virtuel de la Nouvelle-France.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Lors de l'instauration du gouvernement royal, la couronne française élabore une politique de peuplement pour stimuler la croissance démographique dans sa colonie. En 1663, le roi de France envoie les premières Filles du Roy pour remédier au fait qu’il manque de femmes célibataires en Nouvelle-France.


Source : C. W. Jefferys, L'arrivée des jeunes filles françaises à Québec en 1667 (vers 1925), Bibliothèque et Archives Canada, 2895911. Licence : domaine public.

Dès son arrivée à Québec en 1665, l’intendant Jean Talon réalise un recensement pour connaitre le nombre de colons, ce qui lui permet de confirmer qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes. Pour réduire ce déséquilibre, la couronne française continue d’envoyer des Filles du Roy vers la colonie en finançant leur traversée de l’océan Atlantique et en leur accordant un trousseau de biens nécessaires à la vie de femme mariée. Près de 800 jeunes femmes célibataires s’installent en Nouvelle-France entre 1663 et 1673.

Source : Lilymagine, Filles du Roy (2022), Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Jusqu’à son départ de la colonie en 1672, Jean Talon multiplie les mesures pour la politique de peuplement. Voici quelques exemples :

  • une prime pour les hommes et les femmes qui se marient à un jeune âge, soit 20 ans pour les garçons et 16 ans pour les filles;
  • une récompense de 300 livres par année pour les couples avec 10 enfants et plus;
  • des terres pour les soldats du régiment Carignan-Salières qui décident de rester en Nouvelle-France après leur mission.



Source : Lawrence Batchelor, Jean Talon visitant les colons (vers 1931), Bibliothèque et Archives Canada, 2896077. Licence : domaine public.

La politique de peuplement de la couronne française favorise la natalité en Nouvelle-France surtout parce qu’elle rééquilibre le rapport entre le nombre d’hommes et de femmes. Alors que la colonie compte 13,2 hommes pour une femme en 1663, elle compte deux hommes pour une femme en 1679. Ce rapport plus équilibré entre les sexes permet une augmentation du nombre de mariages, puis une hausse des naissances au sein de la colonie.

Sources des données : Assemblée nationale du Québec, « Clin d'œil : les filles du roi », Par ici la démocratie.

Source de l’image : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).


Dans la deuxième moitié du 17e siècle, les couples ont entre sept et huit enfants en moyenne, ce qui témoigne d’un fort accroissement naturel qui se poursuivra au 18e siècle. La prise en charge du peuplement par couronne française et l’accroissement naturel entre 1663 et 1760 explique pourquoi on qualifie cette période de la Nouvelle-France de colonie de peuplement.


Source : Nicolas Lancret, L’été (1738), Louvre. Licence : domaine public.

Question 3 - Déterminer des causes et des conséquences

Les documents 1 à 3 présentent des faits liés à la démographie de la Nouvelle-France. Indique une cause expliquant pourquoi les autorités ordonnent l’envoi des Filles du Roy dans la colonie.


Les documents

Source des données : Statistique Canada, « Les Acadiens (1752 à 1784) », Recensements du Canada 1665 à 1871, en ligne sur Statistique Canada, dernière mise à jour le 26 août 2015, page consultée le 22 avril 2022 ; Statistique Canada, « L'établissement des Anglais (1692 à 1749) », Recensements du Canada 1665 à 1871, en ligne sur Statistique Canada, dernière mise à jour le 26 août 2015, page consultée le 22 avril 2022 et Statistique Canada, « L'établissement des Français (1605 à 1691) », Recensements du Canada 1665 à 1871, en ligne sur Statistique Canada, dernière mise à jour le 26 août 2015, page consultée le 22 avril 2022.

Lettre envoyée par le ministre Jean-Baptiste Colbert à l’intendant Jean Talon en 1671

« Sa Majesté [...] a donné les ordres nécessaires pour envoyer cette année 150 filles. Ainsi je m’assure qu’aussitôt qu’elles seront arrivées, vous travaillerez à les établir et les marier avec lesdits soldats et les autres habitants, en sorte que la colonie en recevra une augmentation considérable.

Vous avez fort bien fait de faire ordonner que les volontaires seraient privés de la chasse et de la traite s’ils ne se mariaient pas quinze jours après l’arrivée des vaisseaux qui apporteront les filles. [...] »

Source : « Lettre du ministre Jean-Baptiste Colbert à l’intendant Jean Talon, 11 février 1671 », dans Marcel Trudel, La Nouvelle-France par les textes. Montréal, Hurtubise HMH, 2003, p. 105-106.

Sources des données : Robert Larin, Brève histoire du peuplement en Nouvelle-France, Sillery, Septentrion, 2000, p. 145.

Source de l’image : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.

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Cahier de traces